Depuis les années 1990, le bassin méditerranéen subit une augmentation des événements de précipitation et de sécheresse extrêmes susceptibles de s’amplifier au cours du XXIème siècle, et dont l’origine est attribuable aux activités anthropiques depuis la révolution industrielle de 1850 (IPCC-, 2013). Les résultats issus des modèles climatiques régionaux indiquent un renforcement des épisodes de crues à la fin du XXIème siècle au Maroc (Tramblay et al, 2012). Pour comprendre la variabilité hydrologique et paléohydrologique récente en Afrique du Nord, notre étude porte sur l’analyse de séquences sédimentaires du lac Azigza (Moyen-Atlas marocain) à macro- et micro-échelle au cours de l'Holocène. Ce lac est situé au sein du système karstique du Moyen-Atlas et n’a pas d’exutoire. Des études antérieures ont révélé des variations significatives du niveau du lac à l’échelle décennale (Flower et al., 1989) caractérisées par la présence de paléo-terrasses et des ravines. Le premier objectif est de reconstruire les périodes de haut et de bas niveaux du lac à l’échelle des dernières centaines d’années, et des derniers millénaires. Le second objectif est de détecter et de compter chacun des événements de précipitation et de sécheresse extrêmes au cours des fenêtres temporelles sélectionnées précédemment. Nous présenterons des résultats préliminaires d’analyses sédimentologiques (lithologie, granulométrie, observation des structures sous lames minces) et géochimiques (microfluorescence X) réalisées sur des carottes sédimentaires courtes (90 cm de long) prélevées dans le bassin profond du lac Azigza. Les mesures géochronologiques (210Pb, 137Cs) attestent d’un fort taux de sédimentation (3 mm/an). Des datations au carbone 14 sur des macrorestes permettront d’obtenir l’âge des séquences à leur base.Les descriptions lithologiques des séquences lacustres révèlent des sédiments non consolidés de couleur beige, avec des dépôts plus organiques composés de fines laminations riches en macrophytes et coquilles calcitiques (flore et faune littorale du lac Azigza). Les analyses géochimiques révèlent des pics significatifs de calcium et de manganèse au sein de ces faciès. Ces résultats préliminaires permettent de proposer plusieurs hypothèses : (1) des périodes de disoxie/anoxie à l’interface eau-sédiment empêchant ainsi la dégradation de la matière organique, ou (2) des remobilisations d’anciennes terrasses lacustres lors d'événements de précipitations extrêmes. Dans les premiers 15 cm de profondeur (depuis 1960), les dépôts sont plus rougeâtres. Les concentrations relatives en éléments indicateurs de l’apport détritique (Fe, Mn, Ti, K et Si) augmentent drastiquement dans cet intervalle. Ils pourraient témoigner d’une diminution importante (1) du niveau du lac dans les derniers 50 ans, ou (2) de la quantité de carbonate déposée dans le bassin profond. L’analyse sous lames minces des sédiments à micro-échelle permettra de caractériser la nature et la structure de ces laminations afin d’en déduire l’origine de ces dépôts en terme de dynamique hydrologique.