La céramique de l’oppidum de Cenabum et la cité carnute aux IIe et Ier s. av. J.-C : aspects typo-chronologiques et culturels - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2008

Ceramics from Cenabum oppidum and the Carnute city in the 2nd and 1st centuries BC: typo-chronological and cultural aspects

La céramique de l’oppidum de Cenabum et la cité carnute aux IIe et Ier s. av. J.-C : aspects typo-chronologiques et culturels

Résumé

This study examines the origins of the town of Orléans (Loiret), Cenabum carnute oppidum described by Caesar in the Gallic War, and the emporion mentioned by Strabo. Based on a review of archaeological documentation acquired over the last twenty years, it examines typo-chronological, cultural and socio-economic aspects. The first objective is to provide a typo-chronological reference for ceramics from the 2nd and 1st centuries BC, in an area where no synthesis has yet been carried out. Chronology was established on the basis of sets from stratified contexts, in comparison with the numerous imports from Mediterranean and Gallic origins, providing valuable benchmarks for absolute chronology. The corpus was selected from 55 sets, totalling 24,764 sherds, belonging to a minimum of 2,509 vases, i.e. around a third of the furniture available on the Orléans site. In spite of their small numbers, the finery items help to refine this seriation. Within this corpus, ten chronological horizons have been defined, from La Tène C2 to the Augusto-Tiberian period. However, the documentation available for the latter part of the period remains limited. Study examines morphological evolution of vases, by production category, highlighting the various influences, both Gallic (essentially from northern Massif Central) and Mediterranean. Ceramics were then classified by functional type, in order to follow the evolution of repertoires and table uses. Local furnishings were influenced by imported ones as early as La Tène D1a, i.e. before the development of large-scale trade. During Caesarian conquest, sudden appearance of distinctive furnishings associated with weapons further accentuated this acculturation process. Socio-economic and cultural information provided by artefacts is then compared with known historical data for Cenabum site. Three main periods can be highlighted. While beginnings of this occupation date back to La Tène C1, from La Tène C2 onwards, site took on a real scale, and its size can be estimated at 20/25 ha. From then on, it seems to have been built up in an agglomerated structure, with an ill-defined layout. End of the 2nd c. and beginning of the 1st c. BC are characterized by the convergence of various elements (bridge construction, monetary production), which seem to reflect assertion of a center of political power, whose influence nevertheless remains local. Moreover, its development seems independent of that of other sites in the area. The economic role played by this oppidum is questionable, insofar as it concentrated wealth and imports, without appearing to redistribute them. Situation seems to have changed around middle of the 1st century BC, probably following partial destruction of the town by the legions in 52 BC, in retaliation for the massacre of the Roman negociatores. Although the number of soldiers in the second half of the 1st century BC appears to have been lower, until the end of the Gallic War, town was a supply point for the legions, a fact corroborated by the appearance of militaria in the furnishings. After César Conquest, trade networks remained unchanged, but there was a much wider distribution of imported ceramics, which were no longer confined to this one oppidum. This reflects a wider distribution in which Cenabum is no longer the only point of consumption. The commercial network is organized on a broader scale, and orchestrated according to a model based on a logic that is more economic than political. From then on, town seemed to fulfill the role of a trading port, a load-breaking point for goods transiting redistribution by Loire valley. However, there is still a lack of data from the Augustan period on which to assess this new development. At the same time, ceramic data from Cenabum are compared with those from other sites in Carnute region, in particular Saumeray agglomeration (Eure-et-Loir), whose economic capacity appears to be considerable in terms of its craftsmanship. On this site, we note chronological shifts in duration of use of regional artefacts compared with chronology defined for Orléans site, and virtual absence of imports (with exception of vinous amphorae) or external influences in domestic zone repertoires, unlike cultic sector. This phenomenon therefore goes beyond purely chronological or socio-economic framework and seems to be part of a traditionalist cultural straitjacket. Finally, the distribution of certain ceramic forms from the local repertoire is compared with funerary practices and monetary distributions. Like the ceramic data, they highlight lack of permeability between northern part territory, influenced by Paris Basin and characterized by a high concentration of sanctuaries, and southern part territory, oriented towards the center of Gaul, and point to at least two culturally distinct zones within this territory.
L’étude examine les origines de la ville d’Orléans (Loiret), oppidum carnute de Cenabum décrit par César dans la Guerre des Gaules, emporion évoqué par Strabon. Basé sur l’examen de la documentation archéologique acquise ces vingt dernières années, elle s’attache à examiner les aspects typo-chronologiques, culturels et socio-économiques. Le premier objectif est de fournir, pour un secteur vierge de toute synthèse, un référentiel typo-chronologique des céramiques pour les IIe et Ier s. av. J.-C. La chronologie a été établie en s’appuyant sur des ensembles issus de contextes stratifiés, en comparaison avec les nombreuses importations d’origines méditerranéennes et gauloises, propre à fournir de précieux repères en matière de chronologie absolue. La sélection du corpus a porté sur 55 ensembles, totalisant 24 764 tessons, appartenant à un minimum de 2 509 vases, soit environ un tiers du mobilier disponible sur le site d’Orléans. Les parures contribuent, malgré leurs faibles effectifs, à affiner cette sériation. Au sein de ce corpus, dix horizons chronologiques ont pu être définis, depuis La Tène C2 jusqu’à l’époque augusto-tibérienne. La documentation disponible reste cependant faible pour la fin de la période traitée. L’étude s’attache à examiner l’évolution morphologique des vases, par catégorie de production, en soulignant les diverses influences perceptibles, tant d’origine gauloise (essentiellement des productions du nord du Massif Central), que méditerranéennes. Les céramiques ont dans un deuxième temps été classées par type fonctionnel, afin de suivre l’évolution des répertoires et des usages de tables. Ainsi, on constate que les mobiliers locaux sont influencés par les mobiliers importés dès La Tène D1a ancienne, soit à une période antérieure au développement du grand commerce. Lors de la conquête césarienne, la brusque apparition de mobiliers typés, associés à de l’armement, accentue encore ce processus d’acculturation. Les informations d’ordre socio-économiques et culturelles induites par les mobiliers sont ensuite confrontées aux données historiques connues pour le site de Cenabum. Trois périodes principales peuvent être soulignées. Alors que les prémices de cette occupation remontent à La Tène C1, dès La Tène C2, le site prend une réelle ampleur et son emprise peut être estimée à 20/25 ha. Il semble dès lors présenter une structure agglomérée, selon une trame qui reste mal définie. La fin du IIe s. et le début du Ier s av. J.-C. se distingue par la convergence de divers éléments (construction d’un pont, production monétaire), qui semble traduire l’affirmation d’un centre de pouvoir politique, dont le rayonnement reste néanmoins local. Son développement semble par ailleurs indépendant de celui des autres sites du territoire. On peut s’interroger sur le rôle économique tenu par cet oppidum, dans la mesure où il concentre les richesses et les importations, sans paraître les redistribuer. La situation semble basculer, vers le milieu du Ier s. av. J.-C., probablement à la suite de la destruction partielle de la ville par les légions en 52 av. J.-C., ceci en représailles du massacre des negociatores romains. Si les effectifs de la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. apparaissent effectivement moins nombreux ; jusqu’à la fin de la guerre des Gaules, la ville constitue un point de ravitaillement des légions, ce qui est corroboré dans le mobilier par l’apparition des militaria. Au lendemain de la Conquête, les réseaux commerciaux restent inchangés, mais on constate une distribution nettement plus large des mobiliers céramiques importées qui ne restent plus cantonnés à ce seul oppidum. Ceci reflète une diffusion élargie dans lequel Cenabum ne constitue désormais plus le seul point de consommation. Le réseau commercial est organisé à une échelle plus large et orchestré selon un modèle fondé sur une logique plus économique que politique. La ville semble dès lors remplir le rôle d’un port de commerce, un point de rupture de charge, chargé de la redistribution des marchandises transitant par la Loire. Les données mobilières concernant la période augustéenne restent cependant mal documentées pour appréhender cette nouvelle évolution. En parallèle, les données céramologiques de Cenabum sont confrontées à celles d’autres sites du territoire carnute et notamment à l’agglomération de Saumeray (Eure-et-Loir), dont les capacités économiques semblent, au regard de son artisanat, importantes. Sur ce site, on constate des décalages chronologiques dans la durée d’utilisation des mobiliers régionaux par rapport à la chronologie définie pour le site Orléans et la quasi absence d’importations (mis à part les amphores vinaires) ou d’influences externes dans les répertoires de la zone domestique, contrairement au secteur cultuel. Ce phénomène dépasse donc le cadre purement chronologique ou socio-économique et semble s’inscrire dans un carcan culturel traditionnaliste. Enfin, la distribution de certaines formes céramiques issues du répertoire local est mise en parallèle avec les pratiques funéraires et les distributions monétaires. Elles mettent en évidence, comme les données céramiques, l’absence de perméabilité entre la partie nord, influencée par le Bassin Parisien et caractérisée par une forte concentration de sanctuaires, et la partie sud du territoire, tournée vers le centre de la Gaule, et permettent d’entrevoir au moins deux zones culturellement distinctes au sein de ce territoire.
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Citer

Sandrine Linger-Riquier. La céramique de l’oppidum de Cenabum et la cité carnute aux IIe et Ier s. av. J.-C : aspects typo-chronologiques et culturels. Archéologie et Préhistoire. Université François Rabelais, Tours, 2008. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-04249728⟩
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