À une époque où de plus en plus de communautés humaines répondent aux craintes d’un avenir incertain par la protection, la distanciation et l’exclusion de ce qui leur est étranger, ce qui se manifeste dans l’organisation du territoire, de l’environnement bâti et vécu, cette recherche part d’une hypothèse inverse : comment l’intensification du contact avec des situations inconnues, par nature déstabilisant, peut-elle stimuler favorablement les transformations spatiales et constituer un terreau pour une culture de l’urbanité ? Comment cela mène-t-il à de nouvelles perspectives sur l’architecture et la ville? Il s’agit d’une recherche doctorale par le projet, basée sur la complexité des événements concrets que j’ai rencontrés pendant deux décennies en tant qu’architecte, urbaniste et enseignante. Dans une sélection de ces cas, le « jeu » a été utilisé comme moteur créatif pour réaliser une conception ouverte et inclusive. La recherche porte sur une série de réflexions sur cette pratique. La recherche s’attache à la temporalité des processus de conception, aux situations d’interaction et au rôle que jouent les éléments tangibles dans de telles dynamiques créatives. Cela identifie les conditions qui permettent ou empêchent un processus de conception d’évoluer vers plus de spécification. La recherche montre qu’une phase de transition, laissant place au jeu, dans ses différents sens, permet de prendre des positions différentes, d’appréhender leurs divergences et de stimuler une transformation profonde de la façon dont nous percevons et façonnons notre cadre de vie. Comprendre le potentiel du jeu comme moyen créatif de gérer des perturbations de détourner les incohérences et de s’engager dans un environnement partagé avec l’autre, humain et non-humain, aux intérêts, besoins et désirs différents, conduit à l’élaboration d’un cadre pour la conception et la pratique de l’architecture et de l’urbanisme. Cette pratique considère la transformation de l’espace comme un système de relations dynamiques. Le cadre de la spatialité dynamique tisse le situé, les représentations pluralistes et les actions dans le temps en une seule entité irréductible. Des outils spécifiques, - des protocoles d’action, des objets relationnels et des techniques de mise en situation, le rythme et la préhension- , sont appliqués dans cette pratique de conception spatiale dans le but d’engager des projets tout en restant sensible aux circonstances fluctuantes. L’architecture s’avère alors apte à créer des situations à partir desquelles l’urbanité peut être pratiquée et des transformations peuvent se produire.