Sur le plateau d’Espalem (Haute-Loire), plusieurs zones humides côtoient des vestiges archéologiques variés (habitat et éperon barré, nécropole tumulaire). Depuis 2018, un Projet Collectif de Recherche a permis d’étudier ces séquences d’occupation de la Protohistoire grâce à plusieurs carottages permettant de reconstituer les changements environnementaux. La zone humide présentant la plus longue séquence sédimentaire du plateau est la tourbière du Lac Long (260 cm), dont la base remonte au Mésolithique (8300-8100 cal. av. J-C.). Les analyses sédimentologiques publiées en 2020 ont montré la présence d’un marais ou d’un plan d’eau à la fin de l’âge du Bronze, ainsi qu’un pic majeur d’érosion. La présente communication propose de dévoiler les derniers résultats de l’analyse combinée des macro-restes botaniques et des microrestes palynologiques sur deux séquences parallèles, étayée par de nombreuses datations par le radiocarbone. Cette approche paléoécologique a permis de combler les incertitudes chronologiques et de mieux comprendre la succession paysagère. Il devient ainsi clair que la tourbière a vécu plusieurs phases d’humidité plus importante avec le développement d’une flore aquatique, notamment au Néolithique final. Durant l’âge du Bronze où se développent les tumulus du plateau, des zones en eau devaient être ponctuellement présentes sur ou en périphérie de la tourbière. A partir de 1100 av. J.-C., de fortes réductions du couvert forestier sont observées au niveau des courbes polliniques du chêne et du hêtre surtout. Des lits de petits macro-charbons indiquent des incendies locaux peut-être à mettre en relation avec les modes d’exploitation agricole ou les rites funéraires d’incinération. La biodiversité augmente ensuite surtout à partir du second âge du Fer (300 av. J.-C. environ), puis durant la Période Romaine et jusqu’à l’Antiquité tardive, avec le développement des taxons notamment liés à la culture locale des céréales. Ce travail souligne bien l’importance de croiser informations archéologiques et paléoécologiques locales, pour reconstituer de façon la plus complète possible l’évolution du paysage et des activités humaines notamment à des périodes jusque-là faiblement documentées comme la Protohistoire ancienne et l’Antiquité tardive.