« Coup de foudre », « choc linguistique » et « poissons hors de l’eau » : Comment les enseignants de langue perçoivent et vivent la première séance de cours avec des débutants La toute première séance de cours de langue avec des apprenants débutants constitue une première rencontre, à plusieurs niveaux : entre l’enseignant et les apprenants, entre les apprenants et la nouvelle langue, mais aussi bien souvent entre les apprenants eux-mêmes. Peu de recherches ont porté sur ce moment initial de la relation pédagogique (Postic, [1979] 2001) et de la relation avec la langue. V. Bigot (2002) a exploré la construction de la relation interpersonnelle enseignant/apprenants dans le cadre de premiers cours de langue sans qu’il s’agisse de publics débutants. Les convictions et les postures des enseignants de langue en ce qui concerne cette toute première rencontre restent à investiguer. À travers des entretiens réalisés avec une vingtaine d’enseignants de langue, nous avons voulu comprendre comment les professeurs perçoivent la première leçon avec des débutants, s’y préparent et la vivent. Nous nous focalisons ainsi sur l’expérience vécue par les sujets (Schütz, [1971] 2008) dans une démarche inspirée des travaux sur l’agir professoral (Cicurel, 2019). Nous avons cherché dans le corpus des indices permettant d’identifier des types de postures enseignantes (Bucheton & Soulé, 2009) et repéré des liens formulés entre celles-ci et les expériences vécues des enseignants. Différents types de postures émergent dans cette étude, faisant écho aux notions d’empathie (Mazur-Palandre & Colón de Carvajal, dir., 2020), de séduction, d’exigence, de bienveillance (Saillot & Piot, dir., 2018) ou encore d’authenticité (Bento & Riquois, 2022). Si certains enseignants sont dans une posture de séduction, tentant de promouvoir une image accessible de la langue et une image positive d’eux-mêmes, d’autres considèrent que les apprenants doivent être avertis dès le départ du défi auquel ils font face. Ces différents types de postures ont ceci en commun qu’elles ont pour but d’établir les bases d’une relation de longue durée avec les apprenants et de favoriser leur médiation avec la langue nouvelle. Bibliographie Bento, M. & Riquois, E. 2022. « L’authenticité, une notion à géométrie variable à travers les méthodologies », Documents pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde. URL : http://journals.openedition.org/dhfles/9156. Bigot, V. 2002. Lieux et modes de construction de la relation interpersonnelle en contexte didactique. Analyses d’interactions verbales en cours de français langue étrangère. Thèse de doctorat. Paris : Université Sorbonne Nouvelle. Bucheton, D. & Soule, Y. 2009. Les gestes professionnels et le jeu des postures de l’enseignant dans la classe : un multi-agenda de préoccupations enchâssées. Éducation et didactique, n° 3-3, pp 29-48. URL : https://journals.openedition.org/educationdidactique/543 Cicurel, F. 2019. Pour une archéologie des pratiques enseignantes. Éducation et didactique, n° 13-1, pp. 117-121. En ligne : https://doi.org/10.4000/educationdidactique.3913 Mazur-Palandre, A. & Colón de Carvajal, I. (dir.). 2020. ICODOC 2019 : Émotion, empathie, affectivité. Les sujets et leur subjectivité à travers les pratiques langagières et éducatives. SHS Web of Conferences, n° 81. En ligne : https://www.shs-conferences.org/articles/shsconf/abs/2020/09/contents/contents.html?fbclid=IwAR1HFEIs3QmdWRczgmGUTeTTC-8v41JwD6QFvy4eUV4820sdsrC_TJYrEHc Postic, M. [1979] 2001. La relation éducative. Paris : Presses Universitaires de France. Saillot, E. & Piot, T. (dir.) 2018. La bienveillance en éducation : approches compréhensives et critiques. Questions vives, n° 29. En ligne : https://journals.openedition.org/questionsvives/3001 Schütz, A. [1971] 2008. Le chercheur et le quotidien. Phénoménologie des sciences sociales (traduit de l’anglais par A. Noschis-Gilliéron). Paris : Klincksieck.