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Chapitre D'ouvrage Année : 2023

Mats as a Building Material

Les nattes comme matériau de construction

Résumé

In archaeological research, mats are usually present in domestic spaces of the past as equipment and isolation elements, as surfaces in which to sit, work or rest. They can also be employed to build with them, but this possibility is not often considered. In this paper we address the use of vegetal woven mats as a construction material employed to erect walls or roofs, specifically in Late Prehistory structures of the Iberian Peninsula and their identification through architectural remains recovered in archaeological contexts. To do so we focus on the assemblage of hardened mud building fragments with well-preserved imprints from the Chalcolithic site of Les Moreres (Crevillente, Alicante, Spain), where several structures of circular ground plan were excavated. Those findings allow to propose the use of mats inside their building parts, stressing the highly informative potential of that sort of earthen archaeological remains which have been frequently undervalued or ignored, and the necessity of considering a wider array of elements as prospective construction materials from prehistoric times.
Les nattes sont généralement présentes dans les espaces domestiques des sociétés passées comme éléments d’équipement et d’isolation, comme assises, comme surfaces de travail ou de repos. Leur utilisation peut être envisagée pour séparer des espaces, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des bâtiments, pour la fermeture des portes et des fenêtres ou pour créer des espaces ombragés afin d’abriter les humains, les animaux ou des biens matériels. Elles peuvent également être employées dans la construction, même si cela n’est que rarement pris en compte dans les recherches archéologiques. Pourtant, les nattes ont été utilisées à des fins de construction dans de nombreuses sociétés à travers le monde, afin d’aménager des dispositifs architecturaux variés, voire pour la réalisation de structures entières. Elles sont utilisées pour la construction des parois dans de nombreuses régions, par exemple en Asie du Sud-Est, en Inde ou dans des pays africains tels que l’Éthiopie, ainsi que dans la réalisation de toitures dans de nombreux pays d’Afrique et au Proche-Orient. Dans cet article, nous souhaitons mettre en évidence l’usage des nattes dans la construction des murs et des toitures au cours de la Préhistoire récente de la péninsule Ibérique. Le bâti de la Préhistoire récente dans le sud-est de la péninsule Ibérique est réalisé à partir de matériaux prélevés localement : terre, végétaux, bois et pierre. La réutilisation des produits dérivés des activités agropastorales, tels que la paille ou le fumier, est également attestée. L’emploi de matériaux fabriqués à partir de plantes, comme la vannerie, les cordes et les nattes, est également envisageable. Les produits de nature organique tels que les nattes se conservent sous certaines conditions en milieu humide ou extrêmement sec ou lorsque les fibres végétales sont carbonisées. Toutefois, leur utilisation peut être aussi identifiée grâce à l’étude des empreintes qu’elles ont laissées sur des matériaux en terre crue ou cuite tels que les poteries ou les débris de terre à bâtir. Les recherches menées dans la péninsule Ibérique ont mis en évidence des restes de terre avec des empreintes de végétaux tressés. Bien que ces matériaux n’aient pas fait l’objet d’études plus poussées, ils ont été parfois assimilés à des restes d’éventuels récipients plutôt qu’à des matériaux architecturaux. Dans cet article, nous nous concentrons sur l’étude des restes de matériaux en terre avec des empreintes bien conservées provenant du site chalcolithique de Les Moreres (Crevillente, Alicante, Espagne), situé dans le sud-est de la péninsule Ibérique, où plusieurs structures de plan circulaire-ovale ont été fouillées il y a quelques décennies. Un bon nombre de ces restes, retrouvé en contexte domestique, présentent des empreintes de nattes. Ces dernières semblent avoir été réalisées grâce à l’entrelacement de groupes de tiges, peut-être de l’herbe de sparte (Stipa tenacissima) ou une autre fibre à la morphologie similaire. Les empreintes des tiges ont une section circulaire de quelques millimètres de diamètre, indiquant une utilisation de la plante sans traitement préalable. Stipa tenacissima est une espèce végétale abondante encore de nos jours autour du site, et son exploitation a été d’une grande importance dans la région pendant des milliers d’années et jusqu’à l’époque contemporaine. Les fragments de terre étudiés montrent également que les nattes étaient disposées sur un panneau de roseaux ou de branches disposés en parallèle. La terre appliquée sur cette trame végétale était lissée à la main, et les empreintes digitales ont été conservées. Le type de tressage visible sur les différents fragments avec des empreintes de nattes est toujours du même type, dit « en damier ». D’après l’analyse macroscopique de ces fragments provenant de Les Moreres, les nattes pourraient avoir été utilisées sur la face intérieure des parois ou faire partie de la toiture. Une des hypothèses envisagées est que les nattes étaient employées comme isolant ou pour faciliter l’accrochage de la terre à bâtir. Ces découvertes permettent de proposer l’utilisation de nattes à l’intérieur des toitures et/ou des murs, soulignant le haut potentiel informatif de ce type de matériau archéologique en terre, qui a souvent été sous-estimé ou ignoré. Cependant, les observations d’empreintes de nattes employées comme matériau de construction sont encore peu nombreuses pour la Préhistoire récente de la péninsule Ibérique. Pour faire progresser cette recherche, il est essentiel de prendre en compte la possibilité que les nattes aient joué un rôle dans l’architecture et systématiser l’étude des empreintes sur des restes en terre.
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  • HAL Id : hal-04594473 , version 1

Citer

María Pastor Quiles. Mats as a Building Material: Evidence from the Southeast of the Iberian Peninsula during the Late Prehistory. Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques, Actes du 29e Congrès préhistorique de France, 31 mai-4 juin 2021, Toulouse, Session Dépasser les plans et révéler l’architecture invisible : de l’identification à la restitution des constructions du Néolithique à l’âge du Fer, Société préhistorique française, pp.81-88, 2023. ⟨hal-04594473⟩
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