L’objectif principal de cette exposition de recherche est de montrer la méthodologie utilisée pour trouver les origines de l’un des rares isolats linguistiques et génétiques qui subsistent en Afrique de l’Ouest. Le lieu de naissance de l’homme moderne se trouve en Afrique, mais certaines zones du continent, notamment celles situées au nord de la zone bantoue comptent parmi les régions les moins étudiées du monde, tant par les généticiens que par les linguistes. Le langage est un élément central du présent et du passé de l’humanité. Si les langues préhistoriques, non enregistrées, ne peuvent pas être étudiées de la même manière que les parlers actuels, nous pouvons toutefois nous faire une idée des langues de nos lointains ancêtres en examinant comment les hommes modernes communiquent entre eux. Le bangimé est un isolat linguistique parlé par le peuple Bangandé du centre-est du Mali dont les origines généalogiques sont encore inconnues. Malgré les évidences linguistiques et génétiques connues qui nous poussent à penser le contraire, les Bangandé affirment qu’eux-mêmes et leur langue font partie du groupe Dogon, tout aussi énigmatique. De leur côté, les Dogons, ainsi que certains groupes Songhaï du nord, revendiquent tous une terre ancestrale à l’ouest, là où vivent les nombreuses populations de langue mandé que l’on retrouve dans toute l’Afrique de l’Ouest. Alors que de nombreuses études historiques, génétiques et linguistiques se sont concentrées sur l’expansion du peuple Mandé, peu d’entre elles ont examiné comment cette expansion a affecté, et probablement effacé, un état antérieur de diversité linguistique et ethnique en Afrique de l’Ouest. Le projet dont l'objectif est de résoudre les mystères entourant le bangimé à travers le prisme d’une perspective interdisciplinaire pour analyser un corpus de données, sera présenté pour la première fois à un public international en Afrique.