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Chapitre D'ouvrage Année : 2022

Voltaire contre la coterie holbachique

Gerhardt Stenger
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 1026017

Résumé

Voltaire never knew the authorship of d'Holbach's works, whom he only knew by name. He fought against him – or rather, against his works and philosophy – throughout his life. While his first writing against atheist materialism, the "Dialogues between Lucretius and Posidonius" (1756), were still directed at Diderot, Voltaire engaged in controversy against the "brothers" of the Rue Royale-Saint-Roch, especially in the case of "Christianisme dévoilé," a "book that leads to the atheism I detest" (D13737). The visit of Damilaville, the spokesperson for d'Holbach, to Ferney in 1765 is often cited as the starting point for Voltaire's hardening stance against atheist materialism. He not only accused it of denying the existence of a rewarding and vengeful God but also of pretending to be highly scientific. Voltaire advised the utmost restraint in the face of phenomena that surpass human understanding and criticized the philosophers for molding reality into a system. Voltaire's most vehement attacks took place primarily between 1767 and 1771, from the first of the Sermons delivered in London to the article "Atheism" in the "Questions sur l'Encyclopédie," strongly influenced by the publication of "Système de la nature," to which he responded with the pamphlet "Dieu: Réponse au Système de la nature." It turns out that this staunch champion of deism never ceased to proclaim his adherence to openly materialist positions. "No matter how hard you try," Callistus objected to Euhemerus, "you always end up, despite yourself, in the system of our Epicureans." It is, therefore, important to understand how, beyond the fratricidal controversy that pitted him against the Holbach clique in the last fifteen years of his life, Voltaire managed to integrate a materialistic view of the world and humanity into his vision of the clockwork universe inherited from Newton.
Voltaire n’a jamais su la paternité des ouvrages de d’Holbach, qu’il connaissait seulement de nom. Il l’a combattu – ou plutôt ses ouvrages et sa philosophie – tout au long de sa vie. Si son premier écrit contre le matérialisme athée, les Dialogues entre Lucrèce et Posidonius (1756), est encore dirigé contre Diderot, Voltaire engagera la polémique contre les « frères » de la rue Royale-Saint-Roch à l’occasion du Christianisme dévoilé, ce « livre qui conduit à l’athéisme que je déteste » (D13737). On cite souvent la visite de Damilaville, porte-parole de d’Holbach, à Ferney en 1765 comme point de départ du raidissement de Voltaire contre le matérialisme athée, auquel il reproche non seulement de nier l’existence d’un Dieu rémunérateur et vengeur mais aussi de se prétendre hautement scientifique. Voltaire conseille la plus grande retenue face à des phénomènes qui dépassent l’homme et reproche aux philosophes de plier la réalité à un système. Les attaques les plus virulentes de Voltaire se situent essentiellement entre 1767 et 1771, de la première des Homélies prononcées à Londres à l’article « Athéisme » des Questions sur l’Encyclopédie, fortement marqué par la publication du Système de la nature auquel il répliqua par la brochure Dieu. Réponse au Système de la nature. Or il se trouve que ce champion invétéré du déisme n’a jamais cessé de proclamer son adhésion à des positions ouvertement matérialistes. « Quelque peine que vous preniez, objecte Calliste à Évhémère, vous rentrez toujours, malgré vous, dans le système de nos épicuriens ». Il convient donc de comprendre comment, au-delà de la polémique fratricide qui l’opposa à la coterie holbachique dans les quinze dernières années de sa vie, Voltaire a pu intégrer une conception matérialiste du monde et de l’homme dans sa vision de l’univers-horloge héritée de Newton.

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Citer

Gerhardt Stenger. Voltaire contre la coterie holbachique. Laura Nicolì. The Great Protector of Wits. Baron D’Holbach and His Time, Brill, pp.218-234, 2022, 978-90-04-43576-0. ⟨hal-04252692⟩
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