Deux façons de faire du cinéma avec du théâtre : comparaison de l’utilisation du matériau théâtral de Molière dans les Molière d’Ariane Mnouchkine et de Laurent Tirard
Résumé
Les œuvres prenant les artistes pour sujet sont des espaces privilégiés pour étudier les problématiques liées à la transtextualité et aux autres opérations sémiologiques de transfert. Il est bien impensable, en effet, d'évoquer un artiste sans évoquer son œuvre, et la présence de celle-ci à l'intérieur d'une autre-la présence d'un art à l'intérieur d'un autre-permet de se pencher avec quelque intérêt sur ces questions. Nous traiterons ici de deux arts « dioptriques », dont l'opinion commune tient souvent le second pour le développement techniquement abouti du premier : le théâtre et le cinéma. Pour ce faire, nous nous pencherons sur deux œuvres cinématographiques ayant pour sujet le plus célèbre des dramaturges français : le Molière d'Ariane Mnouchkine (1978), et celui de Laurent Tirard (2006). Ces deux films, en effet, font une large place au matériau théâtral de leur personnage principal. Pour autant, cette place - et donc les modes de transtextualité auxquels Ariane Mnouchkine et Laurent Tirard font appel - diffère radicalement d'un film à l'autre. Cette différence révèle à son tour les enjeux esthétiques et idéologiques profonds qui sous-tendent les deux projets, et met en évidence d'intéressantes différences dans les attentes des instances réceptrices d'il y a trente ans et celles d'aujourd'hui.
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