Repenser l'habitant et redéfinir le statut de l'usage dans la conception architecturale, voilà l'intention au départ de ce dialogue. Il s'offre à explorer, par touches, les facettes de la perte d'importance, aux yeux des concepteurs, de l'homme global. Si l'engouement des architectes pour l'usage s'est effondré, faut-il en rechercher la cause du côté des sciences humaines, des architectes ou ailleurs ? A l'adresse des premières, les protagonistes font le reproche de leurs limites, de leurs découpages ravageurs de l'humain et de l'oubli du corps. Au passif des seconds, les interlocuteurs suggèrent de placer une irrépressible séduction du Beau visuel propre à disqualifier l'insoutenable présence de l'être habitant au coeur de la création architectonique. Mais au-delà de ces "accusations", le dialogue conduit sur des sentiers plus difficiles : les balancements du concepteur et son dilemme : servir ou se promouvoir ; les liaisons dangereuses ? prometteuses ? ancillaires ? des connaissances et de l’architecture ; les difficultés d'un génie incertain engagé dans l'effort de compréhension approfondie de l'habitant, le risque de s'identifier aux autres les plus ordinaires ; l'égarement du concepteur dont les critères de valeur se rapprochent de ceux du journaliste qui se bat avec l'Audimat... Tels sont là quelques points de passage d'une réflexion en chantier, provisoire, ouverte.