L'autonomie zapatiste : quelle gouvernance ?
Résumé
La multiplicité des acteurs religieux et politiques présents au Chiapas amène à s’interroger sur la notion de gouvernance politique et la promotion généralisée de l’empowerment des populations locales. En m’appuyant sur l’expérience d’autonomie zapatiste, la question centrale de ce chapitre d’ouvrage collectif porte sur la dimension morale de ce mode de gouvernement décentralisé et participatif : l’autonomie zapatiste des Conseils de Bons Gouvernement est-elle une expression de la « bonne gouvernance » ? Après avoir retracé l’origine économique de cette notion ambivalente, quel lien établir entre les pratiques « par le bas » de la « société civile » présente au Chiapas (ONG, associations locales et nationales, Églises, comités de solidarité) et les « Conseils de bons gouvernements » zapatistes ? Dans un contexte de globalisation multiculturelle et de négociations entre l’EZLN et l’État mexicain sur les termes de la libre-détermination et de l’autonomie indienne, l’ethnographie des autonomies municipale de Polhó et régionale d’Oventik explore quelques-unes des avancées (structure acéphale, justice populaire, valeurs d’égalité) et des tensions (structure politico-militaire, rôle des femmes) de l’autonomie zapatiste. Le chapitre conclut qu’il n’est pas approprié de parler de gouvernance pour parler de l’autonomie zapatiste dès lors qu’il s’agit d’un projet politique de critique radicale de la domination étatique, tandis que les acteurs de la « bonne gouvernance » dialoguent, reconduisent, voire renforcent la légitimité de l’État.
Domaines
Anthropologie sociale et ethnologie
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