Le roman policier russe : l'exemple d'Alexandra Marinina - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue La Revue russe Année : 1998

THe Russian Detective Fiction : the novels of Aleksandra Marinina

Le roman policier russe : l'exemple d'Alexandra Marinina

Résumé

L’article présente l’ensemble des éléments de la poétique et de la thématique d’Alexandra Marinina sur la base des dix-huit romans qu’elle avait écrits lors de la parution de cet article. Les romans de Marinina sont des romans à suspense, unissant roman à énigme et thriller. Le crime est le résultat de traumatismes personnels, le degré de violence est plus élevé que chez ses prédécesseurs, les intrigues sont très complexes, voire alambiquées, mais toujours parfaitement achevées, toutes les lignes narratives trouvant un aboutissement logique. Le fait que l’ensemble des romans soit construit comme une série, et donc que l’on ait affaire à un univers fictionnel continu grâce à la présence récurrente du personnage central de Nastja Kamenskaja, renforce le pouvoir d’identification des lecteurs, hommes ou femmes. Les personnages sont reconnaissables, ils ont une histoire personnelle, des relations interpersonnelles, leur vie quotidienne est décrite avec précision. Il y a peu d’exotisme, le monde de la Russie postsoviétique est en revanche très présent grâce à la description de divers milieux auxquels le lecteur n’a en principe pas accès (police, ministères, maisons d’édition…) et la très forte modalité informative des romans marque le retour au réel. Cependant, cet enracinement dans le réel encadre et par contraste souligne la perte de repères et de critères d’une société en transition et le flou identitaire qui accompagne toute mutation. Le roman policier est le royaume des masques, des déguisements, et ceux de Marinina ne font pas exception. Mais dans ce contexte de vacillement identitaire, l’auteur a une position dominante, distille les indices très parcimonieusement tandis qu’elle prodigue les valeurs généreusement, comme, par exemple, l’importance du collectif, de l’analyse scientifique, l’honnêteté : Nastja est une héroïne typique des années 1970 aux prises avec les problèmes des années 1990 et en cela est proche de beaucoup des lecteurs. On peut parler ici de « Bildungskriminalroman » : l’auteur nous donne des pistes, des conseils, des avis sur la vie postsoviétique, renouant avec la tradition de la littérature russe qui assume le rôle de maître à penser. Cependant, tout cela est fait sous une forme relativement nouvelle pour la littérature russe dans l’ensemble très sérieuse – celle de la lecture de distraction et de plaisir, qui de plus rassure : les méchants sont (généralement) punis.

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  • HAL Id : hal-01389797 , version 1

Citer

Hélène Mélat. Le roman policier russe : l'exemple d'Alexandra Marinina . La Revue russe, 1998, 13, pp.25-38. ⟨hal-01389797⟩
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