Dans un contexte de crise économique et sociale, les situations d’auto-entreprenariat, d’auto-emploi, c’est-à-dire de création de son propre emploi, et de pluriactivité, c’est-à-dire de combinaison de plusieurs activités professionnelles salariées ou non, constituent des options envisagées par certains ménages ruraux. Mais quelle intégration professionnelle permettent-elles ? Pour la caractériser, le sociologue du travail Paugam (2000) propose de distinguer le rapport à l’emploi et le rapport au travail. Le rapport à l’emploi correspond à la capacité des activités à subvenir aux besoins matériels, à faire accéder à un système de protection sociale, et ceci dans le temps, ainsi qu’à permettre de se projeter dans l’avenir. Le rapport au travail recouvre la satisfaction liée à la rémunération du travail, à la qualité des relations dans le travail et à la reconnaissance qui en est issue, enfin l’épanouissement et l’affirmation de soi engendrés par la réalisation du travail. Paugam (ibid.) a montré que selon les compromis entre sécurité matérielle et satisfaction dans le travail, le salarié se trouve dans une situation de précarité ou bien d’intégration professionnelle. Dans cette étude, nous interrogeons les rapports à l’emploi et au travail de pluriactifs dans des ménages agricoles. À travers leurs combinaisons d’activités, quelles sont les facilités et les difficultés rencontrées ? La pluriactivité est-elle une façon de faire face à la précarité ou s’accompagne-t-elle de précarité dans le travail ?