L'espace dénommé Bas-champs de Cayeux, compris entre Saint-Valery-sur-Somme, Ault et la falaise morte qui sépare le plateau du Vimeu de la plaine maritime picarde, est intéressant à plus d'un titre. D'abord parce que son altitude moyenne se trouve à 2,5 mètres au-dessous des marées de vives eaux à fort coefficient, ce qui induit un risque de submersion marine comme le rappellent les évènements de février 1990. Intéressant également parce que le choix d'aménagement qui y a été fait depuis plus de 300 ans a été celui de soustraire cet espace à la mer. A noter que le coût de son entretien est élevé : plus de 60 millions d'Euros jusqu'à aujourd'hui, et ce n'est pas fini. Combien de temps ce combat contre la mer durera-t-il, à l'heure où, parallèlement, la population comme les pouvoirs publics aspirent au maintien d'un caractère maritime pour la baie de Somme et, par extension, pour la Picardie maritime ? La défense contre la mer est-elle l'unique motivation du choix actuel d'aménagement réversible de la digue des Bas-champs de Cayeux ? D'autres facteurs ont-ils hypothéqué des solutions peut-être moins coûteuses sans être forcement audacieuses ? Nous tenterons de répondre aux questions posées en revenant sur les inondations de 1990, leurs causes et leurs conséquences. Nous effectuerons une comparaison rapide avec certains sites dépoldérisés en Europe du nord-ouest et verrons, à la lumière de ces exemples, que ce qui est considéré ici comme une menace peut s'avérer là être un atout. Cela nous amènera, par ailleurs, à aborder le projet de dépoldérisation entre Saint-Valery et le Hourdel. Ce projet n'est en rien comparable à l'idée d'une dépoldérisation des Bas-champs de Cayeux car il concerne une zone d'accumulation tandis que Cayeux est soumis à l'érosion marine. Ainsi, en effectuant un bilan des enjeux concernant une éventuelle dépoldérisation des bas-champs de Cayeux, nous aurons une idée de la réponse à la question de cette intervention : « les inondations de 1990 dans les Bas-champs de Cayeux ont-elles été l'opportunité manquée d'une dépoldérisation spontanée ? »