Préparée à l’Université Sorbonne Université où elle est soutenue le 21 mai 2019, cette étude pose le problème du pouvoir des mots sur les destinataires, notamment celui des ressources rhétoriques que l’écrivain enrôlé dans un groupe idéologique mobilise pour pouvoir faire adhérer ses allocutaires à ses pensées et à ses positions. Elle est articulée autour des questions suivantes : quelles sont les postures illocutoires qui permettent à Pierre de Ronsard dans les Discours des misères de ce temps (1560-1563) et à Agrippa d’Aubigné dans Les Tragiques (1616) d’inscrire leurs allocutaires dans des rôles précis en faveur de leurs camps respectifs ? Avec quels procédés discursifs les deux poètes agissent-ils sur les pensées et sur les comportements de ces destinataires ? Vers les thèses de quel poète risque de se pencher les lecteurs ? Ces interrogations ont permis d’analyser, à partir des théories de l’énonciation, de l’argumentation et des actes de langage, d’une part les rôles de la représentation de l’énonciateur et ses figures dans le discours d’enrôlement ; d’autre part les prémisses discursives et les styles oratoires mis en marche, par le poète des Discours et par celui des Tragiques, pour produire la persuasion, le raffermissement et la mobilisation sur les différentes catégories d’allocutaires dans le contexte des guerres de religion en France et au-delà.