Est-il possible d’élaborer une théorie juridique cohérente de la personnalité morale qui serve de cadre à l’exposé du droit positif mais aussi de guide dans la recherche des solutions les plus justes ? La thèse prétend que la réponse à cette question peut être positive. L’étude de la notion d’intérêt est apparue comme un préalable indispensable à toute théorie de la personnalité morale. L’analyse du droit positif fait apparaître que l’intérêt de la personne morale n’est pas un intérêt totalement séparé des intérêts individuels : il n’est pas un intérêt transcendant. Il convient donc d’en réviser la définition afin de faire apparaître sa véritable nature : celle d’un intérêt qui, bien que distinct n’est pas d’une autre nature que celle des intérêts individuels : l’intérêt de la personne morale est un intérêt immanent. Les conséquences de cette idée sont ensuite tirées au plan théorique comme au plan pratique. Une théorie de la personnalité morale construite à partir de l’observation du droit positif devait rendre compte de deux phénomènes, a priori, contradictoires, mais qui apparaissent, en réalité, comme des conséquences de la définition de l’intérêt. La distinction des intérêts conduit à l’affirmation d’un principe de de séparation de la personne morale et des individus. La redécouverte du lien qui existe entre l’intérêt de la personne morale et celui des membres conduit à ne pas négliger l’existence de phénomènes de transparence et à les expliquer. La recherche menée permet alors de formuler une définition de la personnalité morale comme concept utilisé par le droit positif pour désigner la technique par laquelle le droit assure l’opposabilité d’un intérêt organisé. Cette définition conduit à critiquer les théories de la variabilité et celle de la levée du voile social : la personnalité morale n’est ni variable, ni relative.