L’élevage de truite arc en ciel est la production piscicole majeure en France et correspond à un volume de production de l’ordre de 39 000 tonnes annuel. L’usage d’antibiotiques en médecine piscicole représente un ALEA (Animal Level of Exposure to Antimicrobials) de 0,209 en 2022 (ANSES, 2023). Dans la philosophie des plans Ecoantibio et de la réduction de l’usage des antibiotiques en médecine vétérinaire, une enquête semi-directive a été conduite auprès de pisciculteurs de truite-arc-en-ciel et de vétérinaires piscicoles. L’objectif de ces entretiens était de faire un état des lieux des pratiques et des perceptions des éleveurs et des vétérinaires de truites arc-en-ciel vis-à-vis de la gestion des maladies bactériennes en élevage et des alternatives aux antibiotiques utilisées/envisagées dans le but d’identifier le levier d’action qui aurait le plus d’acceptabilité par la profession. Ainsi quinze pisciculteurs, répartis dans les grandes régions de production en France et cinq vétérinaires, également répartis sur le territoire, ont été interviewés. Les pisciculteurs interviewés avaient entre 1 et 36 années d’expérience en pisciculture, produisaient entre 30 et 1300 tonnes de poissons par an dont deux produisaient sous le label de l’agriculture biologique. Les résultats ont montré que les pisciculteurs étaient dans une dynamique de réduction d’usage des antibiotiques. Cette dynamique a plusieurs origines comme la conscience des problèmes de santé humaine et environnementaux causés par l’émergence de bactéries résistantes ainsi que l’importance de l’image de leur produit. Les solutions actuellement mises en place par les pisciculteurs, avec l’aide de leur vétérinaire, pour diminuer leur consommation d’antibiotiques, sont les prophylaxies médicale et sanitaire. En revanche très peu d’alternatives « naturelles » sont aujourd’hui utilisées. Le faible nombre d’étude démontrant une efficacité de substituants « naturels » aux antibiotiques et donc leur faible promotion par les conseillers de santé, sont les raisons principales pour lesquelles les éleveurs sont réticents à l’utilisation de tels produits. Des entretiens menés chez les pisciculteurs et les vétérinaires, le levier d’action pour réduire l’usage des antibiotiques qui ressort fortement est le renforcement de la prévention. Dans ce qui a été nommé dans le chapeau prévention est retrouvé : l’importance de la vaccination et notamment avec l’exemple de la gestion réussie de la Yersiniose, la bonne gestion de l’alimentation, la prise en compte du bien-être animal et de la biosécurité. Suite à ce travail, la piste la plus prometteuse pour continuer la réduction d’usage d’antibiotiques et permettre la bonne santé des animaux est le développement de la vaccination (nouveaux vaccins, nouveaux protocoles).