Face aux vulnérabilités psychologiques des adolescents, en termes d’émergence de nombreux troubles communs (Kessler et al., 2005; Solmi et al., 2022) comme de déclin du niveau de bien-être (Du Roscoät et al., 2016; González-Carrasco et al., 2020), implémenter des interventions de prévention et de promotion (c.à.d., prophylaxie) accessibles à tous, notamment en contexte scolaire (Moro & Brison, 2016), présente d’importants enjeux de santé publique. Cependant, malgré les promesses de diverses interventions universelles (Dray et al., 2017 ; Martínez-García, 2022 ; Salazar De Pablo et al., 2020), et la récente réaffirmation des missions de l’École dans ce champ en France, aucune intervention ciblant les différentes dimensions de la santé psychologique des collégiens n’a fait l’objet d’une évaluation robuste en contexte français à ce jour. Aussi, la présente étude visait à évaluer l’efficacité de trois interventions à destination de collégiens ciblant des processus stratégiques pour la santé psychologique des adolescents à travers un essai contrôlé randomisé en contexte écologique. Au total, 70 collégiens en classe de 4e (constituant le groupe expérimental) ont bénéficié de l’une des trois interventions « S’adapter », « S’engager » et « Interagir » composées de 4 séances hebdomadaires d’une heure (dont une séance de rappel à un mois), ciblant respectivement la gestion d’événements aversifs, la poursuite d’objectifs, et diverses compétences sociales, tandis que 50 autres participants constituaient un groupe contrôle actif. Les participants ont complété des questionnaires auto-reportés (HADS, WSAS-Y, MHC-SF, CFS, Brief-Cope, WAM-C/a, GSES-SF, AFQ) une semaine avant les interventions (T0), puis une semaine (T1) et trois mois (T2) après la troisième séance. Des tests Wilcoxon et U de Mann-Whitney ont respectivement permis des comparaisons intragroupes et intergroupes. Comparativement à T0, nous observons à T1 une réduction des symptômes dépressifs (p=.02) et une augmentation de la flexibilité de coping (p=.03) spécifiques au groupe expérimental, de même qu’une augmentation de l’affirmation de soi au sein des deux groupes (p<.001), ainsi qu’un retentissement fonctionnel (p=.03) et un sentiment d’auto-efficacité général (p=.05) supérieurs dans le groupe contrôle. Le groupe expérimental a également montré une augmentation de l’affirmation de soi entre T0 et T2 (p=.003) et du sentiment d’auto-efficacité entre T1 et T2 (p=.03), tandis que les deux groupes ont présenté une augmentation du bien-être (p<.001) et de la flexibilité de coping (p=.03) entre T0 et T2 . Les résultats indiquent également des effets spécifiques selon les modules. En conclusion, les effets préliminaires de ces interventions brèves sur divers indicateurs de santé psychologique des adolescents et sur plusieurs processus encouragent à répliquer cette étude à plus large échelle, ainsi qu’à implémenter des actions prophylactiques probantes au sein des collèges français.