Cet article a pour ambition de mettre en évidence certains processus de socialisation à l'œuvre dans l'activité du rap. Dans un premier temps, nous tâcherons de montrer que le rap constitue une culture écrite à part entière à partir d'une analyse des conditions de production des œuvres musicales. Ensuite, il s'agira de décrire les effets que le rap induit chez ceux qui le pratiquent. L'hypothèse défendue est que le rap nécessite un certain apprentissage du travail d'écriture qui contribue à la construction des identités personnelles et qui est susceptible de changer le rapport au monde des artistes grâce au développement d'une certaine réflexivité inhérente au travail d'écriture. Bien qu'ils ne soient pas reconnus comme de véritables lettrés, les rappeurs construisent des points de vue sur le monde destinés à être discutés dans la sphère publique constituée au sein du mouvement rap.