: une approche en termes de ressources et de capacités.

Le concept d'écosystème entrepreneurial (EE) se développe en raison de son adoption aussi bien dans la communauté des praticiens que des chercheurs. De nombreux travaux tentent de proposer des éléments de théorisation des EE afin de répondre aux critiques de manque de rigueur conceptuelle et de conceptualisation (Stam, 2015 ; Brown et Mason, 2017 ; Roundy et Lyons, 2022). L'analyse des écosystèmes s'est notamment interrogée sur la manière dont leurs composants, au sens de Isenberg (2011), évoluent dans le temps, sur les interactions (Volkmann et al., 2021) dans une approche en termes de trajectoire inspirée des travaux de Hannan et Freeman (1977) et de Aldrich (1979) et de cycle de vie (Cantner et al., 2021). Si l'analyse des composantes et des acteurs de l'écosystème est une condition de base, elle demeure parfois trop statique et centrée sur l'évolution de l'écosystème comme l'indiquent Mack et Mayer (2016). Ainsi de nombreux travaux ont eu plutôt tendance à analyser les processus macro en lien avec l'environnement ou avec les infrastructures en restant à un niveau d'analyse globale. Roundy et Lyons (2022) expliquent que cela est dû pour partie aux disciplines qui ont alimenté la notion d'EE -géographie, économie, etc. -et aux données agrégées disponibles. La manière dont se construit et évolue un EE dans une perspective écologique est un point clé mais des approches complémentaires peuvent être développées afin de saisir les dynamiques dans l'écosystème, non pas seulement entre les composantes de l'écosystème mais bien entre les acteurs de l'écosystème. Ainsi dans leur appel à une théorisation des EE qui dépasse les perspectives trop globalisantes antérieures, Roundy et Lyons (2022) évoquent une approche micro-fondamentale qui met l'accent sur les relations entre les entrepreneurs et leurs écosystèmes. Il semble ainsi pertinent d'aborder les choses d'un point de vue micro, et non seulement macro (Cunningham et O'Reilly, 2018 ; Roundy et Lyons, 2022). Où est l'entrepreneur dans les EE se demandent Roundy et Lyons (2022) ; replacer l'entrepreneur au centre du système peut avoir du sens pour analyser la dynamique d'un EE. Déjà dans leur analyse des pistes futures en matière de recherche sur les EE, Audretsch et al. (2019) indiquaient que la question du rôle joué par les individus dans la création, l'évolution et la durabilité d'un EE est une perspective qui devra être approfondie. Il y a donc une nécessité à se focaliser beaucoup plus sur les participants de l'EE et non seulement sur l'écosystème en lui-même. Le développement de la notion d'EE est également lié à la question de leur performance sur les économies régionales et a pu donner lieu à des travaux de mesure reliant l'EE à un indice de développement (Szerb et al. 2019), dans une vision qui reste celle de l'EE et non des entreprises. Le développement d'une perspective micro nous conduit à nous focaliser sur les entrepreneurs afin de comprendre comment les dynamiques dans l'EE ont un impact sur le développement des entreprises, sur la création de valeur et le maintien ou le développement d'un avantage concurrentiel (Cunningham et O'Reilly, 2018). Cette question de la valeur est consubstantielle aux approches des EE provenant du management stratégique (Acs et al., 2017) et des travaux en entrepreneuriat (Hit et al., 2011 ; Acs et al., 2017). Dans une approche micro se pose alors la question de savoir quels sont les mécanismes de la création de valeur dans un EE pour et par les entrepreneurs, pour toutes les entreprises présentes au sein de l'EE. L'analyse de la valeur pour l'entrepreneur dans les EE renvoie aux questions de création et de capture de la valeur (Cavallo et al., 2021), et plus spécifiquement à celle de sa co-création dans un EE (Autio et al. 2018 ; Pera et al. 2016 ; Storbacka et al. 2016). Comment l'EE peut-il être un soutien au développement des entreprises ? Cela nécessite de s'intéresser aux entrepreneurs le composant pour aborder la question de la valeur dans l'EE, et par relation à la valeur de l'EE. L'analyse de la valeur peut se faire de multiple façon. Les travaux en entrepreneuriat ont abordé la poursuite des opportunités et la proposition de valeur en lien avec les ressources contrôlées (Stevenson, 1983). La question des ressources est centrale dans l'entrepreneuriat, au travers de leur rareté, leur mobilisation, et de leur attraction. Plus globalement cela renvoie au "processus de management des ressources" autour des questions de sélection, d'évaluation et d'allocation (Zahra, 2021). Il est alors important d'identifier les ressources et les capacités des acteurs pour comprendre comment, au travers d'échanges entre différents acteurs ou institutions, la valeur est générée par et pour les entrepreneurs (Allee, 2008). Si la manière dont les ressources sont développées, mobilisées et intégrées est importante, leurs caractéristiques sont également un point essentiel pour comprendre le processus de création de valeur. Les travaux ancrés dans la Resource Based View (RBV) ont abordé les questions d'avantage concurrentiel au travers des opportunités de marché et des capacités de la firme (Chen et al., 2021). Ils apparaissent comme un cadre mobilisable pour répondre à la question de la création de valeur. Pour autant, malgré de nombreuses contributions de la RBV ces dernières décennies, deux points sont largement absents. D'une part, celui des entreprises qui sont dans un contexte où la concurrence est limitée, la RBV a plutôt eu tendance à centrer son analyse sur des contextes fortement concurrentiels ou dans un contexte entrepreneurial d'entreprise en recherche de croissance (Zahra, 2021; Kellermanns et al., 2016). D'autre part, paradoxalement l'entrepreneur, même dans les travaux