La polyculture-élevage (PCE) apparaît comme un système privilégié pour la transition agroécologique de l’agriculture grâce à la complémentarité des cultures et de l’élevage. Pour étudier cette problématique, 14 entretiens ont été réalisés en exploitations agricoles de PCE variées, constituant un corpus de discours. Une première approche exploratoire de ce corpus (Jarousse et al., 2018), basée sur une analyse compréhensive et graphique, a montré la relation entre des références à la durabilité dans les discours des agriculteurs et leur remise en cause du modèle agricole conventionnel. Elle souligne le lien que font ou non ces agriculteurs entre leur système de PCE et l’engagement dans la transition agroécologique. Pour conforter cette première modélisation (i), il est apparu opportun de compléter les résultats obtenus par une triangulation méthodologique d’analyse du corpus avec (ii) une analyse des pratiques par la mesure de l'intensité des interactions entre les ateliers cultures et élevages et (iii) une analyse logométrique, tant lexicométrique que textuelle des discours. Les résultats présentés viennent enrichir les précédents et confortent le modèle proposé. Il apparaît ainsi que les agriculteurs qui maximisent les interactions entre leurs ateliers cultures et élevage, réduisant ainsi leur utilisation d’intrants, sont également ceux qui font le plus référence à la durabilité et qui remettent en cause le système agricole conventionnel. Les analyses des discours soulignent les différences dans les thématiques abordées par les agriculteurs en fonction de leurs préoccupations de durabilité et de leur engagement ou non vers une transition agroécologique, tout en mettant en avant la pluralité des discours. Cette triangulation, en mêlant les disciplines agronomiques et les sciences sociales, souligne la nécessité de transdisciplinarité pour étudier la transition agroécologique et permet par ailleurs d’interroger le positionnement des agriculteurs en tant que premiers concernés et acteurs de cette transition.