Au sein des assemblages préhistoriques, l’une des activités le plus souvent représentée est le travail du cuir. De nombreuses études ethnographiques ont démontré la place majeure de cet artisanat au sein de l’économie des chasseurs-cueilleurs subactuels (en particulier ceux évoluant dans des milieux froids) mais également la complexité et la polyvalence technique qui caractérisent cette production. Les outils, les gestes, les procédés et les méthodes de traitement de la peau deviennent un fait hautement culturel. L’ethnographie démontre ainsi la flexibilité et la variabilité des outils traitant le cuir mais permet également de comprendre les enjeux et les contraintes techniques de cette activité. Mais alors comment identifier, étudier et comprendre cette polyvalence des techniques et des chaînes opératoires pour des populations préhistoriques uniquement à partir de la culture matérielle ? L’une des clés de ce questionnement est le recours aux études fonctionnelles des différents outils, lithiques ou osseux, qui peuvent intervenir lors du travail des peaux. Il est capital pour appréhender le plus exhaustivement possible un système technique de prendre en compte l’intégralité des objets y intervenant, quelle que soit leur matière première. La tracéologie permet de reconnaître précisément l’outillage des hommes préhistoriques, de reconstruire les chaînes opératoires, de déterminer les procédés techniques employés et d’évaluer l’influence de facteurs extrinsèques à cette production (contexte climatique, technique,…). On peut ainsi tendre vers une meilleure compréhension des contextes culturels, économiques et sociaux des différents peuples humains paléolithiques.