Education, culture et émancipation
Résumé
Some philosophers have not renounced, today, although in less favorable times, the political discourse of emancipation despite the rise of “neoliberalism” and the forms of nationalism and neofeudalism that accompany it. But we must also make the hypothesis that philosophers can themselves be the bearers or initiators of dissolving conceptions of emancipation, a notion that they also try to dodge or make disappear from theory. We can imagine that philosophy – and particularly the philosophy of education – contributes, more or less voluntarily, more or less unconsciously, to the process of discrediting the notion of emancipation. This leads us to the need to take a critical step back on ourselves, on the philosophical discourses of education which are ours, and not only on the political discourses which would be given in the exteriority of the media discourse and whose academic discourse or philosophical discourse would be unscathed.As part of a research program carried out with Silvio Gallo, at UNICAMP, I was led to study more specifically the way in which this problem has been able to cross and continues to cross contemporary French philosophy as well as critical German philosophy. . I started from a certain number of texts which have served me, in recent years, both for my intellectual nourishment, and to try to find a way out of the traditional model of philosophy and thinking. I set out to share a reflection on five French philosophers who played a role, for me and for many philosophy professors, in the teaching of policies and theories of emancipation. Alain Badiou, Jacques Rancière, Jacques Derrida, Bernard Stiegler, Michel Foucault. In the field of German philosophy, Theodor W. Adorno and the more recent representative of the Frankfurt School, Axel Honneth. These various references allowed us to cross and distinguish several fields of the discourse of emancipation: emancipation and politics, emancipation and art, emancipation and philosophy, emancipation and technology, emancipation and sexuality, five potential areas of emancipation or 'alienation. During my stay in Brazil, finally, I initiated an investigation into Brazilian literature in the human sciences relating to the question of emancipation, whether works of history, anthropology, sociology of music or pedagogy: Gilberto Freyre, Paulo Freire, Joao José Reis, José Ramos Tinhorão. These examples define a place in Brazilian theory which is certainly not immediately "philosophical" but which opens the framework for theoretical reflection in the post-Hegelian or post-Marxist logic of the exit from philosophy to which the approaches of philosophers belong. French and Germans cited. These references also make it possible to test the European frameworks of philosophies of emancipation, or even to emancipate oneself from them.
Certains philosophes n’ont pas renié, aujourd’hui, quoique dans des temps moins propices, le discours politique de l’émancipation en dépit de la montée du « néolibéralisme » et des formes de nationalisme, de néoféodalisme qui l’accompagnent. Mais il faut également faire l’hypothèse que les philosophes peuvent être eux-mêmes les porteurs ou initiateurs des conceptions dissolvantes de l’émancipation, une notion qu’ils tentent aussi bien d’esquiver ou de faire disparaître de la théorie . On peut imaginer que la philosophie – et particulièrement la philosophie de l’éducation – contribue, plus ou moins volontairement, plus ou moins inconsciemment, au processus de discrédit de la notion d’émancipation. Cela nous conduit à la nécessité d’opérer un recul critique sur nous-mêmes, sur les discours philosophiques de l’éducation qui sont les nôtres, et non seulement sur les discours politiques qui se donneraient dans l’extériorité du discours médiatique et dont le discours universitaire ou le discours philosophique serait indemne.
Dans le cadre d’un programme de recherche mené avec Silvio Gallo, à l’UNICAMP, j’ai été amené à étudier plus spécifiquement la façon dont cette problématique a pu traverser et continue de traverser la philosophie française contemporaine ainsi que la philosophie allemande critique. Je suis parti d’un certain nombre de textes qui m’ont servi, dans ces dernières années, à la fois pour mon alimentation intellectuelle, et pour tenter de trouver une issue au modèle traditionnel de la philosophie et le penser. Je me suis attaché à partager une réflexion autour de cinq philosophes français qui ont joué un rôle, pour moi et pour beaucoup de professeurs de philosophie de philosophie, dans l’enseignement des politiques et des théories de l’émancipation. Alain Badiou, Jacques Rancière, Jacques Derrida, Bernard Stiegler, Michel Foucault. Dans le domaine de la philosophie allemande, Theodor W. Adorno et le représentant plus récent de l’Ecole de Francfort, Axel Honneth. Ces diverses références nous ont permis de croiser ainsi et distinguer plusieurs champs du discours de l’émancipation : émancipation et politique, émancipation et art, émancipation et philosophie, émancipation et technologie, émancipation et sexualité, cinq domaines potentiels de l’émancipation ou de l’aliénation.
Pendant mon séjour au Brésil, enfin, j’ai initié une enquête dans la littérature brésilienne en sciences humaines relative à la question de l’émancipation, qu’il s’agisse d’ouvrages d’histoire, d’anthropologie, de sociologie de la musique ou de pédagogie : Gilberto Freyre, Paulo Freire, Joao José Reis, José Ramos Tinhorão. Ces exemples définissent un lieu de la théorie brésilienne qui certes n’est pas immédiatement « philosophique » mais qui ouvre le cadre de la réflexion théorique dans la logique post-hégélienne ou post-marxiste de la sortie de la philosophie dont relèvent les approches des philosophes français et allemands cités. Ces références permettent, en outre, d’éprouver les cadres européens des philosophies de l’émancipation, voire de s’en émanciper.