La transformation des cours d’école en ville, comme solution basée sur la nature, répond à la nécessité de créer des îlots de fraîcheur perméables aux eaux pluviales. Ces opérations sont généralement pensées pour des enjeux climatiques et sociaux, alors que leur contribution à la biodiversité urbaine et leur potentiel évolutif sont peu explorés. La Ville de Paris offre un terrain mixte et pluridisciplinaire pour comprendre l’installation de ces socio-éco-systèmes urbains fortement contraints (cours Oasis) et pour envisager des scénarios évolutifs en interaction forte avec leurs usagers. Une première étude portant sur les transformations des pratiques de la biodiversité du programme européen Coolschools interroge les conditions sociopolitiques et écologiques d’une valorisation de la biodiversité (Blanc et al., à paraître). Elle met en évidence les succès et limites d’une politique de renaturation des cours d’école à Paris. Ceci a débouché en 2024 sur une étude approfondie de trois écoles élémentaires parisiennes (5ème, 9ème et 12ème arrondissements) ayant pour objectifs, d’une part, d’évaluer les représentations et connaissances des élèves et éducateurs sur la biodiversité de leur cour Oasis et, d’autre part, de réaliser un état des lieux des pratiques éducatives (enseignants et animateurs périscolaires), effectives ou souhaitées, en lien avec la cour. Le corpus de données collectées sur les trois écoles englobe 59 entretiens d’élèves réalisés dans la cour, 50 entretiens semi-directifs d’éducateurs (enseignants et animateurs périscolaires) susceptibles d’utiliser la cour d’école, environ 900 productions (dessins, plans annotés, textes) d’élèves du CP au CM2 et aussi des observations directes de comportements d’enfants au regard des éléments naturels dans la cour. Les premières analyses montrent des différences notables de l’acceptation sociale et de l’appropriation des cours végétalisées selon les individus (adultes ou enfants) mais aussi d’une école à l’autre selon les contextes. Ils montrent également que les politiques et enjeux autour de la renaturation des cours restent mal appréhendés par les utilisateurs de ces espaces dédiés à l’éducation et au jeu, notamment les enjeux de biodiversité, au-delà de la simple création d’espaces ombragés et décoratifs. Notre étude a également permis de déterminer ce qui facilite la mise en place de postures et de choix pédagogiques en faveur de la pérennisation du vivant, voire de sa libre évolution, dans la cour d’école.