Après avoir été les compagnons de travail des agriculteurs jusqu’à la seconde guerre mondiale, les chevaux et ânes ont failli disparaitre complètement de l’agriculture avec sa mécanisation et sa motorisation. Les plans de relance du ministère chargé de l’agriculture durant la seconde moitié du XXème siècle ont permis de conserver les principales races locales de chevaux de trait pour une production de viande, et de développer un élevage de chevaux et poneys pour la pratique de l’équitation de sport et de loisir, le secteur des courses (trot et galop) se maintenant grâce aux paris hippiques. Ainsi, au début du XXIème siècle, la question se pose de la place des productions équines dans l’agriculture : production pour l’alimentation humaine, diversification vers des activités de loisirs, ou encore productions à haute valeur ajoutée pour les compétitions équestres et les courses. Pour essayer de répondre à cette question, nous avons analysé les exploitations agricoles avec équins (EAE) dans les 3 derniers recensements agricoles : 2000, 2010 et 2020, en distinguant les grands types de cheptels équins recensés : chevaux de selle et de courses (non distingués avant 2020), chevaux de trait et ânes. Alors que le cheptel équin, estimé au niveau national, a oscillé ces 20 dernières années autour d’un million de têtes, les effectifs recensés au niveau agricole déclinent : de près de 450 000 en 2000, à 434 000 en 2010 et seulement 312 000 en 2020. Parallèlement, le nombre d’EAE passe de 81 000 en 2000 à 55 000 en 2010, malgré la reconnaissance du statut agricole à toutes les activités liées aux équins en 2005, puis à 27 000 en 2020, du fait des critères plus restrictifs du recensement 2020 affectant les structures les plus petites et celles n’ayant pas ou peu de naissances en équins. Ainsi, les petits détenteurs (de 1 à 3 équidés), qui représentaient 63% des EAE en 2000, n’en représentent plus que 40% en 2020, tandis que le nombre moyen d’équins par exploitation a plus que doublé sur la période, passant de 5,5 têtes en 2000 à 11,8 en 2020. En revanche, la répartition par type de cheptel des EAE détenant 4 équidés ou plus, évolue peu : le secteur selle-course reste largement majoritaire sur les 3 recensements, avec plus des 2/3 des EAE, tandis que le secteur trait varie autour de 15%, et celui des ânes de 4 à 6 % des EAE. Ces poids relatifs des types de race détenus par les EAE reflètent les chiffres de la filière au niveau national (IFCE, 2024). Pour mieux comprendre les évolutions au cours de la période 2000-2020, nous avons analysé les trajectoires des EAE identifiées à partir des numéros SIRET. Ainsi, sur 48 570 EAE avec SIRET en 2000, 40% ne sont plus présentes dans le RA 2010, 30% n’ont plus d’équins et seuls 30% se maintiennent avec des équins en 2010. Par contre, sur les 25 015 EAE présentes avec SIRET en 2020, 46% étaient recensées avec équins en 2010, 20% recensées sans équins et 34% n’étaient pas recensées en 2010. L’analyse plus fine de ces trajectoires montrent que les EAE selle représentent près de 42% des EAE apparues en 2020. Globalement, on constate des ratios EAE sans poulinières/ EAE avec poulinières plus élevés au fil des recensements, notamment sur les EAE avec chevaux de selle qui n’avaient pas d’équins en 2010, reflet probable d’une diversification vers des activités de type pension ou valorisation des équidés. Tandis que 2/3 des EAE avec trait en 2020 étaient déjà présentes en 2010, près de 20% des EAE avec ânes n’avaient pas d’équins en 2010, et on constate une augmentation de la concentration des EA avec ânes dans le sud et sur les massifs. Ainsi, les productions équines dans l’agriculture suivent les tendances nationales de la filière, qui voit la prédominance du secteur selle-course. Les EAE recensées en 2020 sont pour un tiers d’entre elles des structures récentes, signe que cette filière, non alimentaire pour l’essentiel, se développe au sein du secteur agricole.