En France, le diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU) offre l’opportunité aux personnes n’ayant pas obtenu le baccalauréat et ayant interrompu leurs études initiales depuis plus de deux ans d’entamer un parcours de formation supérieur diplômant ou de passer des concours requérant le baccalauréat. C’est une véritable école de la deuxième chance et une possibilité de réaffiliation à un parcours académique pour des publics en rupture scolaire. Ce dispositif et ce public sont encore aujourd’hui très peu étudiés dans les publications scientifiques. Ils présentent pourtant un intérêt indéniable à la fois pour la recherche et pour les acteurs de la réussite étudiante. Ces populations ont en effet souvent vécu trois expériences académiques particulières dans leur parcours de vie : celle précédant le DAEU marquée fréquemment par la rupture scolaire, celle du DAEU et de la réaffiliation mais aussi parfois du décrochage, celle suivant le DAEU avec une diversité de vécus, de réussite et d’abandon. Nous bénéficions essentiellement des travaux de Zaouni-Denoux (2014) qui identifient les motifs intrinsèques et extrinsèques de la motivation des stagiaires, et de ceux de Beaupère et al. (2020), qui pointent les bénéfices de la construction identitaire des anciens stagiaires, tout en dressant le constat de la difficulté vécue en ce qui concerne les tentatives de poursuites d’études. Ces recherches soulignent la complexité et la singularité des phénomènes d’abandon et, parallèlement, de poursuite du diplôme au sein de la population du DAEU. Nous nous intéressons aux trois temps des parcours académiques des personnes ayant suivi la formation au DAEU. Notre question de recherche porte sur leur ressenti de l’expérience d’apprentissage et d’études qu’elles ont vécues. Plus précisément, nous interrogeons les facteurs qui ont pu déterminer la rupture scolaire et la réaffiliation et en quoi la relation pédagogique, l’interrelation entre la communauté apprenante et la communauté enseignante, a pu influencer leurs parcours et leurs perceptions. Notre étude s’appuie sur une méthodologie mixte, une enquête par questionnaire auprès des 329 anciens stagiaires de la formation, puis sur des entretiens semi-directifs auprès des personnes volontaires afin d’approfondir la compréhension de leur perception. Les questions posées croisent les modèles existants des déterminants de la réussite dont celui de Romainville et Michaut (2012). Elles portent sur le passé scolaire, le vécu durant le parcours de formation, la relation avec les pairs, l’expérience pédagogique avec les enseignants, les méthodes d’apprentissage, le projet d’études ou de formation à la sortie du DAEU, le projet professionnel, enfin, les caractéristiques sociodémographiques. L’analyse des résultats doit permettre à l’équipe pédagogique d’améliorer le dispositif de formation et d’accompagnement des stagiaires du DAEU en travaillant à renforcer les leviers pour la réussite qui émergeront de notre étude. La suite de notre projet de recherche s’intéressera au public enseignant, dans l’intention d’analyser les fondements et les modalités de leur engagement dans la relation pédagogique.