Les multiples options thérapeutiques existantes en cancérologie peuvent s’accompagner d’effets secondaires variés (Fondation pour la recherche sur le cancer, 2022). Les troubles cognitifs consécutifs aux traitements du cancer font partie des effets secondaires fréquemment rapportés par les patients et associés à une moindre qualité de vie (Rodriguez et al., 2020).  Les patients rapportent une dénégation et un manque d’informations sur ce sujet, qui nécessitent de questionner la communication soignant-patient concernant ces troubles cognitifs.   Cette recherche se base sur une approche communautaire, puisqu'elle a été menée en collaboration avec des patientes-chercheuses, de l’identification de la problématique à étudier à la valorisation. Elle vise à appréhender les pratiques de (non)communication des soignants concernant les troubles cognitifs.    37 entretiens semi-structurés ont été menés auprès de soignants exerçant en oncologie : 20 oncologues, 17 infirmières. Les données ont fait l'objet d'une analyse thématique réflexive (Braun & Clarke, 2006).  L’analyse des données met en évidence une reconnaissance des troubles cognitifs comme des effets secondaires, et la mise en œuvre par les professionnels de santé interrogés de plusieurs stratégies leur permettant de communiquer partiellement ou d’éviter la question. L’une des raisons évoquées est l’incertitude liée à la survenue de troubles cognitifs, avec notamment une crainte d’offenser le patient s’il ne verbalise aucune plainte cognitive. L’incertitude provoque également un sentiment d’illégitimité et d’incompétence à communiquer sur ce sujet. Il existe une influence du profil socio-éducatif et professionnel des patients sur les pratiques de communication et les perceptions des soignants concernant les incidences des troubles cognitifs. Enfin, les conditions de travail les contraignent à sélectionner les informations à délivrer et le manque de ressources pour prendre en charge les troubles cognitifs freine la communication.   Cette étude souligne les difficultés rencontrées par les soignants dans la communication autour des troubles cognitifs consécutifs aux traitements du cancer et la nécessité de les accompagner dans le développement de stratégies de communication répondant davantage aux demandes des patients concernés. L'implication des patientes-chercheuses est cruciale pour identifier des questions de recherche d'intérêt, recueillir les données ou bien interpréter les résultats.