La plainte cognitive est un effet secondaire fréquent dans les traitements contre le cancer. Les patients rapportent être insuffisamment informés voire confrontés à des soignants niant le lien entre troubles cognitifs et traitements du cancer. Cette recherche communautaire, vise à appréhender les pratiques de (non)-communication soignant-patient concernant les troubles cognitifs successifs aux traitements du cancer.   Dans une perspective compréhensive, 37 entretiens semi-structurés ont été menés auprès de soignants en oncologie : 20 oncologues et 17 infirmières. Les données ont fait l'objet d'une analyse thématique réflexive (Braun & Clarke, 2006). En premier lieu, l’analyse des données met en évidence plusieurs obstacles à la communication liée aux troubles cognitifs survenant suite aux traitements du cancer, Les professionnels rapportent avoir connaissance du fait que les troubles cognitifs font partie des effets secondaires possibles administrés. Pourtant, ils mettent en œuvre différentes stratégies leur permettant de ne communiquer que partiellement voire d’éviter la question. Ceci s’explique notamment par l’incertitude liée à la survenue de troubles cognitifs, avec une crainte d’offenser le patient s’il ne verbalise aucune plainte cognitive ou d’induire les sensations d’un déclin cognitif. Cette incertitude concerne aussi la gestion adéquate des troubles cognitifs, provoquant également un sentiment d’illégitimité et d’incompétence à communiquer sur ce sujet. Il s’avère par ailleurs que les pratiques de (non)-communications et l’incidence perçue des troubles cognitifs dépendent notamment de la perception qu’ont les soignants du profil médical, socio-éducatif et professionnel des patients. Les patients ayant un cancer de bon pronostic, jeunes ou de catégorie socio-professionnelle élevée sont considérés par les soignants comme étant plus affectés par les troubles cognitifs – et recevront donc plus d’informations - que les patients ayant un cancer au pronostic défavorable d’âge avancé ou ayant un niveau d’éducation ou une catégorie socio-professionnelle moins élevés. Le manque de ressources existantes pour proposer une prise charge des troubles cognitifs successifs aux traitements du cancer constitue également un frein à la communication.  Cette étude souligne les difficultés rencontrées par les soignants dans la communication autour des troubles cognitifs successifs aux traitements du cancer et la nécessité de les accompagner dans le développement de stratégies de communication et de prise en charge répondant davantage aux besoins des patients concernés.