Childhood and emancipation. A critical reading of René Schérer
Enfance et émancipation. Pour une lecture critique de René Schérer
Résumé
Schérer had an original way of thinking about childhood, one that defines childhood not in terms of the school, not in terms of the family, but in terms of another temporality, one that allows the child to emancipate himself, not in the future, but here and now, from this dual pedagogical hold. Today, certain left-wing intellectuals, the 'soixante-huitards', if not 'the left' as a whole, are readily attacked and discredited. This is particularly true of René Schérer. It seems all the more important that there should be a discussion of his work, his writings, his person and his pedagogy. In this respect, we need to take into account the originality, the "audacity of the idea" and even the subversive or even repulsive dimension of certain aspects of his thought, which can question us in what would be the furthest thing from the world of school, of conformist society, what René Schérer calls "childhood". But who else in recent decades has thought of something like a major childhood? Who else has taken pedagogical reflection on the emancipation of the child here and now so far? Far from seeking to evade or mask the difficulties inherent in issues such as Schérer tackled them, in order to give a smooth image of the philosopher or of philosophy, these difficulties need to be tackled head-on.
Schérer est l’initiateur d’une pensée originale de l’enfance, celle qui définit l’enfance non par l’école, non par la famille, mais par une autre temporalité, celle qui permet à l’enfant de s’émanciper, non pas dans l’avenir, mais ici et maintenant, de cette double emprise pédagogique. Aujourd’hui, certains intellectuels de gauche, des « soixante-huitards », si ce n’est « la gauche » dans son ensemble, se trouvent volontiers attaqués et discrédités. Cela vaut, en particulier, pour René Schérer. Il paraît d’autant plus important qu’une discussion ait lieu autour de son œuvre, de ses écrits, et aussi de sa personne, de sa pédagogie. Il nous faut prendre en compte à cet égard l’originalité, « l’audace dans l’idée » et même la dimension subversive voire répulsive de certains aspects de sa pensée, qui peuvent nous interroger dans ce qui serait au plus éloigné du monde de l’école, de la société conformiste, ce que René Schérer nomme « enfance ». Mais qui d’autre aura pensé, dans ces dernières décennies, quelque chose de tel qu’une enfance majeure ? qui aura poussé aussi loin la réflexion pédagogique sur l’émancipation de l’enfant ici et maintenant ? Loin de chercher à esquiver ou à masquer la difficulté inhérente aux problématiques telles que Schérer les a abordées, pour donner une image lisse du philosophe ou de la philosophie, il convient aussi bien d’aborder ces difficultés de front.