Clubs sportifs et territoires
Résumé
Les clubs sportifs sont des associations qui participent pleinement à la vie des territoires, en proposant des activités sportives, comme non sportives. Le champ sportif peut permettre d’éclairer les dynamiques territoriales sur de nombreux aspects, mais n’a principalement été étudié que par le prisme des pratiques sportives de nature (Mao et Bourdeau, 2008). Ainsi, les pratiques sportives dites classiques, amateures, pratiquées dans les clubs sportifs, n’ont été que peu étudiées par les géographes (Gaubert, 2016 ; Pociello, 1999). Surtout, les relations entre ces clubs et leurs territoires n’ont jamais été appréhendées de façon systémique. Seules quelques études ponctuelles sur un aspect précis de ces liens existent déjà (Grosjean, 2006 ; Arnal, 2013). Pourtant, le club sportif, « pièce maîtresse du système sportif » (Augustin, 2007), participe pleinement à la structuration des territoires (Tonini, 2007), y compris dans les ruralités, définies ici telles des unités de sens (Poulot, 2021).
Grâce à ces recherches ponctuelles, ainsi qu’à une méthodologie abductive (Moscoso, 2013), j’ai réalisé un système complexe articulant les relations club-territoire. Ce système permet de comprendre et de noter les différents facteurs contribuant aux liens entre un club et ses ruralités. Ce système semble se fonder sur quatre piliers, allant d’éléments spatiaux à d’autres plus territoriaux, à savoir la localisation, l’attractivité, la gouvernance et l’identité :
-la localisation va se baser sur la situation spatiale du club, la proximité avec les autres associations et les différentes pratiques sportives selon les territoires
-les attractivités s’intéressent aux apports du club à l’attractivité du territoire, et à l’influence de cette attractivité sur la dynamique associative. Ceci, en lien avec le rôle des attractions urbaines, pouvant engendrer de grandes mobilités club – domicile
-la gouvernance est également essentielle dans ces liens. En effet, la compétence sportive étant partagée, ce sont tous les niveaux de collectivité qui interviennent dans ce champ, complexifiant d’autant plus la compréhension que les clubs ont de cette gouvernance. A ces compétences publiques se rajoutent également les différents échelons de la gouvernance sportive fédérale
-l’identité est le dernier pilier, chaque club possédant sa propre identité (blason, couleurs, esprit-club, etc.) basée sur les éléments de l’identité territoriale, identité territoriale qu’il participe à renforcer, notamment en se déplaçant de dehors des limites communales.
Ces quatre piliers construisent donc cette relation club – territoire et traduisent de plus la force de ces liens. Mais ils ne restent pas immobiles, ils varient selon un autre axe, celui de la temporalité. A partir du travail de recherche mobilisant à la fois des données quantitatives et qualitatives, ce système a pu être interrogé et remanié. Il apparaît, à partir des résultats, que ces relations sont disproportionnées en faveur des territoires. Toutefois, ce déséquilibre tend à diminuer au fur et à mesure de la progression des axes. Ces liens apparaissent aussi plus ou moins forts, le club étant différemment enraciné à son territoire. En conséquence, il apparaît donc que ces relations changent de façon substantielle en fonction des ruralités. Selon la position du club (dans des campagnes isolées, dans des espaces périurbains ou dans des villes petites ou moyennes), ces liens varieront. Le système générique présente donc une grande diversité de réappropriations locales car le nombre de facteurs intervenant dans ce système est important.