Cet article explique comment, en faisant la part belle aux dissidents politiques, à celles et ceux qui rompent avec leur communauté d’origine, Didier Daeninckx fait de la nouvelle un art qu’il est possible de qualifier d’« anarchiste ». En effet, les soixante-dix-sept récits du recueil 'Le Roman noir de l’Histoire' s'appuient sur des faits historiques fameux ou plus confidentiels pour figurer des destinées exceptionnelles. En révélant des événements oubliés, en rappelant des noms effacés de la mémoire collective, ou en rendant compte du langage employé par une population, Daeninckx parvient à mettre en évidence la part d’ingouvernable en chacun. Afin de garantir la validité de ce point de vue, nous avons tenu à indiquer la place que pouvaient prendre la discipline historique et l’engagement politique dans la carrière de l’auteur, puis nous avons resitué son travail dans une histoire de la nouvelle anarchiste, avant de tenter de qualifier le type de rapport à l’intime et à la société qui transparaît dans le recueil. Ce raisonnement nous conduit à repérer derrière la sobriété du style et le prétexte du « roman noir » la célébration d’une glorieuse sauvagerie.