Pour la présente communication, nous entendons interroger les perceptions des (futurs) enseignants de langue sur la dimension agentive des tâches ancrées dans la vie réelle (Caws et al., 2021; Ollivier & Jeanneau, 2023) dans une approche socio-interactionnelle. Ce type de tâche incite les apprenants à être acteurs et citoyens en réalisant des tâches sur des sites participatifs non conçus pour l’apprentissage des langues. Pour répondre à cette question, nous avons invité, cinq cohortes de Master 2 FLE réparties sur cinq années, à réaliser une telle tâche ancrée dans la vie réelle en amont d’un cours sur l’approche socio-interactionnelle. Ils pouvaient choisir entre poster une contribution dans un forum de cuisine ou sur un guide touristique collaboratif. La production devait se faire dans une langue additionnelle et sans aucun guidage particulier dans une optique de type Task Based Language Teaching voire de rewilding. Les retours post-tâche des étudiants / (futurs) enseignants de langues ont été recueillis sur un forum et soumis à une analyse thématique de contenus. Après une exportation dans un tableur et une anonymisation, ils ont fait l’objet d’une lecture flottante menant à une thématisation en continu des propos des étudiants. Sur la base de ces thèmes regroupés en grandes catégories, le corpus a pu être codé et des comptages automatiques ont été effectués. Pour la présente communication, nous nous concentrerons sur les éléments en lien avec la notion d’agentivité. Les analyses ont notamment permis de mettre en évidence le sentiment d’être acteur dans le monde « réel » à travers une action qui fait sens, qui est utile pour l’Autre (les usagers des sites sur lesquels les étudiants ont publié) et qui peut même amener l’Autre à agir. Nous montrerons, par ailleurs, que les étudiants ont été pleinement conscients des contraintes socio-interactionnelles de l’action mise en œuvre, qu’ils en ont tenu compte et que cela a contribué au sentiment d’être des acteurs sociaux. Nous mettrons cependant également en lumière le fait que la grande liberté agentive laissée pour la réalisation des tâches a été ressentie, par certains, comme source de difficulté voire de risque et qu’un accompagnement voire un guidage (limitant la liberté agentive) aurait été apprécié.