Notre réflexion se veut un brouillage des frontières, à travers une oeuvre hybride, entre deux genres littéraires distincts, il est question de l'écriture biographique et la littérature de voyage notamment le voyage en mer. Publié en 2013 par Salim Bachi aux éditions Flammarion, Le dernier été d'un jeune homme dresse le portrait d'Albert Camus à travers une série de biographèmes dont le voyage en Amérique publié dans La pléiade couvre une large partie. En effet, ce travail a une double vocation. D'abord, la spécificité du voyage (un voyageur intellectuel de renommée et une destinée particulière), Camus est, au moment de son voyage, un auteur illustre qui part donner une conférence en Amérique, endroit privilégié des échanges scientifiques vers lequel nombre d'autrices et auteurs français.es se dirigent à l'époque en question, ensuite, la juxtaposition de la biographie éclaire la façon dont est menée cette traversée, précisément l'enfance compliquée de Camus dont il se souvient lors du voyage. À dire vrai, cette traversée est emportée beaucoup. moins par la découverte que par l'introspection et la mélancolie. Il est à constater que la biographie maintient thématiquement cet aspect du voyage, mais, dans certains endroits du texte, la traversée est gagnée par l'euphorique à travers la dimension mythique qui lui est conférée ainsi que des schèmes suscitant la plume romanesque tel que le mythe. Dans le roman, étant le personnage principal de l'entreprise biographique, le sujet voyageur devient un biographié à bord. Le biographe, lui-même, a un gout pour une écriture de la mer ainsi qu'une esthétique du bateau qui traverse son oeuvre. Nous nous demandons comment il a mis le voyage au service de la biographie ainsi que l'effet produit par les deux récits l'un sur l'autre d'où l'hybridité générique.