Les pratiques de musiques traditionnelles que l’on observe aujourd’hui oscillent entre deux types d’imaginaires complémentaires, suggérés plus haut par ce musicien et danseur professionnel. L’un, temporel, veut qu’elles trouvent leur origine dans un mode de vie, des sociabilités et des expressions emblématiques de sociétés pré-industrielles. L’autre, spatial, suppose qu’elles soient issues avant tout de lieux, notamment d’une diversité de campagnes, de localités et de régions qui leur confèrent des spécificités toutes « territoriales ». Ces imaginaires se mêlent, prennent le relai l’un de l’autre dans les discours des musiciennes et musiciens, amateur.e.s. comme professionnel.le.s et jouent aujourd’hui un rôle symbolique fort au sein des réseaux d’acteurs.trices des musiques traditionnelles. Cette contribution propose d’explorer l’actualité et la performativité de ces imaginaires des lieux au sein des réseaux d’acteurs.trices dédiés aux musiques traditionnelles actuelles. Quelles perceptions et mises en récit de l’espace, notamment des espaces ruraux, locaux et régionaux, émergent des expériences des musiciens et musiciennes ? Quels sont leurs effets sur la structuration des réseaux musicaux, sur la construction des légitimités musicales, sur les processus de création, mais aussi sur les lieux en eux-mêmes ?