La démocratie est une énigme à la recherche d’un système politique idéal pour la Nouvelle-Calédonie. Cette notion ne répond pas aujourd’hui à ce qu’elle fut hier elle s’est construite ici et là dans des processus toujours différents. La démocratie reste donc un mystère si nous avons l’illusion de vouloir la conceptualiser uniquement comme un système politique sur la base de référents métaphysiques car elle s’inscrit dans des contextes et des représentations, repose sur des valeurs instables, se fonde sur des institutions politiques ou juridiques mortelles. La démocratie illustre le danger d’une démarche scientifique dogmatique. La démocratie ne peut être conçue que comme une construction dialectique qui s’inscrit dans l’Histoire et dans des histoires. C’est l’équilibre établi en un lieu donné et dans des circonstances particulières entre d’une part la liberté et l’égalité des personnes et d’autre part entre les droits et devoirs de l’individu vis-à-vis de la société Il n’est pas aisé dans ces conditions d’aborder la démocratie à partir de la seule question du pluralisme juridique en Mélanésie car les modèles occidentaux s’imposent insidieusement pour interroger des systèmes de droit et des sociétés qui ne correspondent ni à nos pratiques, ni à nos institutions, ni à notre Histoire. La question démocratique en Nouvelle-Calédonie se pose en terme postcolonial quant au fait de savoir comment une démocratie importée intègre les peuples colonisés dans le projet politique. Le « droit d’avoir son droit » interroge notre démocratie et la met à l’épreuve. La question du reliquat des systèmes de droit de ces peuples est au centre de la vie politique et sociale des territoires mélanésiens. En Nouvelle-Calédonie, le droit autochtone s’incarne dans plus de 1500 chefferies, s’applique à 40% de la population et à près de 30% du territoire : le fait autochtone est une question politique incontournable quel que soit le résultat de la consultation référendaire sur l’indépendance.