La recherche doctorale à l'origine de cette communication se positionne à la fois en sciences de l'éducation et de la formation et en didactique des langues. Elle s'inscrit dans le contexte d'une formation en langues dont la finalité est une sensibilisation à l'interculturel. Une expérimentation a été conçue spécifiquement pour cette recherche : des étudiants chinois et français, éloignés géographiquement, sont répartis en groupes restreints (deux étudiants de chacune de ces nationalités par groupe). Tous sont volontaires pour cette expérimentation qui se déroule intégralement en distanciel. La principale consigne qui leur est donnée est de travailler ensemble sur un thème socioculturel de leur choix dans une liste préétablie (le mariage et la conception d'amour, la considération des anciens, la vie universitaire, la place des femmes, etc.) puis de présenter les résultats de ce travail à l'oral aux autres groupes et aux enseignants. Selon le programme établi, ils réalisent plusieurs activités collectives : interviews mutuelles, formulation de questions de débat liées au thème puis lancement de débats, etc. Deux grands principes ont présidé à la conception de cette expérimentation. Le premier est de « faire et d'être ensemble pour apprendre avec et grâce aux autres » (Jézégou, 2022), ce malgré l'éloignement géographique et via l'usage d'artéfacts socio-numériques de communication ; le second est de former un acteur social sur la base « du faire ensemble et du co-agir » (Puren, 2002). Au plan scientifique, la finalité est d'identifier si une présence socio-cognitive et une présence socio-affective se manifestent au sein de ces groupes lors de la réalisation des activités réalisées. Parallèlement, il s'agit aussi de comprendre les effets potentiels de ces présences sur les représentations de soi et de l'autre de ces étudiants. Cette recherche mobilise le modèle théorique de la présence sociale en e-Formation élaboré par Jézégou (2022). La présence sociale résulte « d'une dynamique relationnelle, à la fois collective et médiatisée, lors de la réalisation d'une activité groupale. Elle est animée par certaines formes d'interactions sociales entre les apprenants, entre ces derniers et le formateur au sein d'un tiers-lieu socio-numérique de communication. » (Jézégou, 2022, p.112). Comme le précise l'auteur, elle ne peut émerger qu'à deux conditions : d'une part, les apprenants doivent faire preuve d'agentivité individuelle et collective pour réaliser cette activité, interagir et fonctionner collectivement ; d'autre part, les artéfacts socio-numériques de communication doivent être suffisamment affordants pour être activés par les apprenants. La présence sociale est déclinée en trois dimensions : socio-cognitive, socio-affective et pédagogique. Dans cette recherche, les deux dimensions à l'étude sont définies de la manière suivante : la présence socio-cognitive « résulte de transactions communicationnelles médiatisées entre les apprenants d'un groupe lors de la pratique d'enquête. » (Jézégou, 2022, p.172), la présence socio-affective « résulte des interactions sociales médiatisées qui permettent de générer un climat socio-affectif favorable aux transactions communicationnelles entre les apprenants lors de la pratique d'enquête. Ces interactions sociales sont porteuses de cohésion, de symétrie de la relation et d'aménité » (Jézégou, 2022, p. 184). Cette recherche prend également appui sur des travaux en didactique des langues, en particulier en éducation interculturelle. Le terme « interculturel » est défini ici comme une approche de la gestion de la diversité culturelle visant à promouvoir la compréhension mutuelle, la tolérance et la conscience de la relativité culturelle. Comme le précise Abdallah-Pretceille (2023), le préfixe « inter» « indique une mise en relation et une prise en considération des interactions entre des groupes, des individus, des identités. » (p. 49) et « renvoie à la manière dont on voit l'autre, à la manière dont chacun se voit, se perçoit et se présente à l'autre. » (p. 58). Plus précisément, ce travail porte sur les représentations de soi et de l'autre des étudiants concernés par l'expérimentation menée. La « théorie du noyau central » proposée par Abric (1994) est mobilisée pour étudier ces représentations. Lors du colloque, nous présenterons les aspects essentiels du cadrage théorique et conceptuel de cette recherche doctorale en cours. Nous préciserons les caractéristiques de cette expérimentation, la démarche adoptée ainsi que protocole de l'étude empirique tel que déjà mise en œuvre, puis envisagé au stade d'avancement du travail. À la date du colloque. La première phase sera achevée et nous en présenterons les résultats, tout en pointant l'agentivité manifestée par ces étudiants pour créer une présence lors ces activités collectives en distanciel. Abdallah-Pretceille, M. (2023). L'éducation interculturelle. Presses Universitaires de France. Abric, J. (1994). Pratiques sociales et représentations. Presses Universitaires de France - PUF. Jézégou, A. (2022). La présence à distance en e-formation : enjeux et repères pour la recherche et l'ingénierie. Presses Universitaires du Septentrion. Puren, C. (2002). Perspectives actionnelles et perspectives culturelles en didactique des langues-cultures : vers une perspective co-actionnelle-co-culturelle. Langues modernes, 96(3), 55-72.