Les notions spatiotemporelles sont cruciales en physique. Il n’y a aucune expérience où elles n’interviennent pas. Leur mise en place doit donc être faite avec toute la rigueur dont nous sommes capables. Elle commence par une question qu’on peut de prime abord trouver insignifiante, voire oiseuse, celle de savoir de quelle nature est leur existence. Les étendues spatiotemporelles sont-elles des réalités physiques ou bien des constructions mentales ou intellectuelles que nous plaquons sur le réel afin de le décrire et de le comprendre ? Cette question préalable, qui a autrefois dressé Leibniz et Newton l’un contre l’autre, est aujourd’hui massivement ignorée. On fait comme si elle était définitivement tranchée en faveur de l’hypothèse de la réalité physique. L’espace, le temps, l’espace-temps seraient donc des sortes de « choses ». Cependant, depuis Leibniz et Newton, et même depuis Einstein , la physique a fait de si immenses progrès que cette question n‘est plus, comme elle l’a jadis été, une querelle philosophique sans implication. Les étendues spatiotemporelles sont partout en physique et la question de la nature de leur existence s’est insinuée dans bien des endroits où on ne l’attendait pas : propriété d’Euclide, tridimensionnalité de l’espace, possible existence de dimensions enroulées, contraction de Lorentz, ralentissement des horloges en mouvement, invariance de la vitesse de la lumière impossibilité de dépasser la vitesse de la lumière, existence d’une sphère des fixes, calcul de l’effet Doppler, expansion de l’univers, accélération de cette expansion, tout cela est à présent dans sa zone de turbulence directe et nous force à revisiter la réponse actuelle. Avec évidemment quelques dégâts.