Le mouvement Letzte Generation (désormais LG) émeut l’actualité allemande par ses actions polémiques comme se coller les mains sur la route , recouvrir un jet privé de peinture , ou bien par des activités sociétalement plus ordinaires comme des manifestations . Notre contribution entend observer les caractéristiques lexico-sémantiques d’un tel militantisme à partir de documents publiés sur le site officiel du mouvement . Les textes légitiment, appellent au ralliement, énoncent explicitement des objectifs politiques dessinant une volonté de contre-pouvoir dans le discours public, mais fournissent également des outils communicationnels et juridiques aux militants. Après une petite description du mouvement LG, nous présenterons la méthode d’analyse lexicométrique à partir du logiciel TXM, qui propose des statistiques lexicales et morphologiques, ainsi que des concordances terminologiques. L’utilisation de TXM concourt à une analyse du discours militant à l’aune de trois axes de lecture. Le premier postulat renvoie à une action collective appelée dans les discours, qui devrait se manifester dans la nature des verbes, pro-actifs et peu réflexifs, ainsi que dans l’usage des verbes de modalité, où « können » est majoritaire (37 occurrences), suivi de « müssen » (16 occurrences) et de « wollen » (12 occurrences), alors que « sollen » et « dürfen » apparaissent moins de dix fois. La deuxième hypothèse explore l’évocation axiologique du climat, qu’il s’agit de vérifier dans les expansions et compositions à partir des substantifs en lien avec le climat (« Klima », « Natur », « Welt », etc.). Ainsi, les compositions renvoient toutes à une urgence ou une catastrophe. Enfin, le dernier pan de lecture concerne un ethos collectif et militant construit en opposition à un adversaire aux identités plurielles : le gouvernement, un pays, un individu, une entreprise ou encore un système. Les emplois des pronoms et déterminants possessifs, associés à des verbes et groupes nominaux, renforcent cette dualité. Les résultats des recherches lexicométriques contrastent avec la réputation de violence qui est faite à l’association militante en ce que leur discours met en valeur des possibilités, des pistes de réflexion collaborative avec le gouvernement, même si se projette sur l’avenir un lexique cataclysmique.