Le Miroir de l’âme pécheresse, premier poème de Marguerite de Navarre imprimé (Alençon, Du Bois, 1531), treize fois réimprimé au XVIe siècle (Paris, Augereau, 1533, etc.) représente un jalon essentiel méconnu entre la mystique médiévale et la grande littérature mystique vernaculaire de la fin du XVIe siècle et du XVIIe mise en lumière par Michel de Certeau. Le discours de Marguerite en vernaculaire, nourri de termes et d’images mystiques topiques, popularise la "langue du village évangélique" (c’est-à-dire l’écriture adoptée par les novateurs vulgarisant une "vraye" piété fondée en "vive foy "sur l’union à "Dieu seul"), s’inscrivant ainsi dans une série de publications propagandistes des décennies 1520-1530.