De nouvelles synergies collectives entre cultures et élevage sont recherchées mais peu se déploient à large échelle. Pourtant des systèmes de polyculture-élevage minoritaires subsistent en zones céréalières et l’âge de leurs exploitants est moins avancé que celui des céréaliculteurs présents (Agreste, 2020). Ces systèmes évoluent au niveau de leurs structures et de leurs pratiques mais ils sont rarement étudiés pour cela. Bien que ces systèmes aient fortement régressé dans les grandes zones céréalières, ils sont encore présents dans des zones de cultures moins étendues à proximité de grands bassins d’élevage comme en Auvergne Rhône-Alpes (AuRA). Il est utile de s’intéresser à ces élevages et d’identifier en quoi éventuellement ils se ressemblent, ou évoluent, dans ce contexte céréalier pour y repérer des facteurs de persistance ou de renforcement de leur diversification végétal, au niveau des exploitations ou de leur environnement. A terme, l’objectif est d’en tirer des éléments qui permettent de soutenir et accompagner cette orientation pour et par ces interactions culture-élevage alors que ces systèmes sont le plus souvent abordée et reconnu par leur production « dominante », animale ou végétale selon les cas. C’est pourquoi 32 élevages, très divers mais associant toujours des cultures dans leur système, ont été enquêtés au sud de l’Ain au nord-est de la région AuRA et en Limagne au nord-ouest de la même région. Leurs structures, leurs productions et modes de commercialisation, leurs échanges de matières entre ateliers d’élevage et de culture, et les changements survenus depuis 10 ans pour chacun de ces éléments, ont été questionnés, analysés et comparés. Les caractéristiques d’exploitation et les stratégies de ces éleveurs s’avèrent très différentes. Les échanges entre ces ateliers sont plus nombreux et variées depuis quelques années, pour deux des trois profils d’élevage dégagés. La fréquence de chaque profil et de chaque modalité d’échange diffère entre zones de cultures. Des conditions socio-économiques exogènes aux élevages (nature des sols, dynamique des systèmes en céréaliculture, proximité urbaine, présence d’abattoir, etc) distinguent les zones. En conséquence, ces profils et leurs pratiques d’échange ne résultent pas uniquement de points techniques au niveau de l’exploitation, et dépendent de spécificités locales. Pour l’accompagnement de ces exploitations ceci a plusieurs conséquences ou met en lumière plusieurs points de vigilance : i) ne pas considérer ces pratiques d’échanges comme « marginales ou insignifiantes », malgré leur caractère collectif limité, car elles sont bien des éléments qui participent à la typicité et aux conditions de subsistance de ces différents élevages, ii) ne pas considérer ces élevages comme voués à se spécialiser en grandes cultures, car aucun de ceux enquêtés a exprimé cette perspective envisagée, iii) ne pas sous-estimer les écarts de situations et de besoins localement quant aux formes de polyculture-élevage dans une région, tant au niveau des formes de PCE intra que inter exploitations, car les freins à leur développement ne sont pas que structurels ou techniques mais aussi liés aux acteurs environnant (éleveurs, céréaliculteurs, acheteurs et consommateurs de produits d’élevage, abattoirs mono ou pluriespèces, groupements de producteurs d’animaux, etc).