Les futurs travaux de construction d’une annexe de l’hôtel du Parc ont motivé un arrêté de prescription sur la commune de Lons-le-Saunier, au 260 avenue de la Marseillaise. L’emprise de fouille, constituée d’une fenêtre et d’une tranchée, couvre une surface totale de 436 m2. Elle est située au centre-ville de Lons-le-Saunier, au pied du Revermont. Cette emprise ouverte au bord La Vallière montre une variation de son cours au fil des siècles ainsi qu’une occupation ancienne de ce bord de rivière. Les témoins les plus denses se rapportent au Premier âge du Fer et à La Tène finale. Les datations radiocarbones et le mobilier archéologique montrent des indices allant de la Préhistoire à la période médiévale. La présence de deux paléochenaux a été détectée. L’un a été comblé à la Protohistoire, avant le Hallstatt D1 (paléochenal 1) et l’autre au XVe siècle (paléochenal 2). Il s’agirait d’anciens chenaux ou bras secondaires actifs de la Vallière. Le paléochenal 1 traversait la zone depuis la période préhistorique, correspondant à la chronozone du Préboréal, à une quarantaine de centimètres sous l’occupation hallstattienne. À cette période, le cours de la Vallière reste proche. La présence du paléochenal 2 a confirmé une phase érosive (naturelle et/ou anthropique) postérieure à la période protohistorique qui a pu démanteler une partie de l’occupation à la fin du Moyen Âge. La fouille apporte des données non négligeables sur l’occupation protohistorique à Lons-le-Saunier car elles sont très rares dans l’agglomération. Parmi les 24 structures, 10 peuvent être attribuées à l’horizon hallstattien et 9 à la période laténienne. Les périodes antique, médiévale et moderne sont essentiellement représentées par du mobilier remanié dans les niveaux de remblais. L’occupation du Hallstatt D1 est caractérisée par des fosses et un bâtiment à quatre poteaux. Ces quelques vestiges relèveraient d’un habitat isolé ou aggloméré vraisemblablement lié au site de Montmorot dont la phase d’occupation principale est synchrone. Les tombes ont livré du mobilier qui semble s’inscrire dans un faciès de La Tène finale, datation confirmée par les analyses radiocarbones. Les sépultures à inhumations sont rares pour cette période. Seul le site de Besançon Remparts Dérasés permet une réelle comparaison tant par sa composition que par sa localisation (en limite de l’oppidum, près d’une rivière). Notre découverte contribue à alimenter l’hypothèse du choix d’un élément naturel pour délimiter l’agglomération gauloise. Entre la plaine de la Saône, les plateaux jurassiens et les montagnes du Jura et des Alpes (zone intermédiaire avec les cultures italiques et orientales), ce secteur joue probablement le rôle de relais ou de pôle essentiel au sein des échanges commerciaux. L’exploitation du sel à Montmorot et sans doute dans l’agglomération lédonienne (Puits Salé) a eu également un impact majeur sur l’occupation de ce secteur aux périodes protohistoriques.