Les systèmes d’endiguement de la Loire moyenne sont équipés de déversoirs, mis en place suite aux grandes crues du XIXe siècle. Ce sont des structures particulières permettant de contrôler l’entrée de l’eau dans la zone protégée lors des crues et limiter la charge sur les ouvrages plus à l’aval. En ce sens, ce sont des structures clé de la stratégie de lutte contre les inondations. Certains déversoirs sont équipés d’une rehausse ou « banquette fusible » en terre dont l’objet est de retarder le déclenchement de l’entrée d’eau jusqu’à produire un effet de chasse qui permettrait d’écrêter la crue. Le diagnostic d’un déversoir de ce type inclut le diagnostic de la rehausse, initialement fusible. Dans le cadre du diagnostic de 3 déversoirs sur 2 systèmes d’endiguement de la Loire moyenne, à Jargeau, Montlivault et Blois (déversoir de la Bouillie), la sensibilité à l’érosion in situ de leur rehausse est évaluée avec des essais de type Mobile Jets Erosion Test (MoJET), qui permettent de tester le sol en place avec la possibilité de répéter l’essai. L’appareil MoJET se compose notamment d’une partie mécanique active, l’unité d’érosion, équipée de 6 buses projetant des jets d’eau de 0,5 mm de diamètre perpendiculairement à la surface du sol. Ces 6 jets d’eau tournent pendant l’essai. L’effluent chargé de sol érodé est recueilli à différents pas de temps pendant les 12 minutes que dure l’essai. La masse de sol sec, c’est-à-dire la masse de sol érodée, en fonction du temps est utilisée pour évaluer qualitativement l’érosion. Dans cet article, les essais effectués pour vérifier la fusibilité réelle de la rehausse du déversoir de Jargeau sont présentés. Les essais MoJET sont réalisés sur plusieurs profils et à différentes profondeurs afin d’analyser la variabilité des résultats obtenus. Les résultats sont analysés au regard des caractéristiques physiques des sols (teneur en eau, analyse granulométrique et valeur au bleu du sol) et de leur compacité, évaluée par des mesures de densité in situ au densitomètre à membrane et/ou par des sondages au pénétromètre dynamique léger. La présence d’une couche de terre végétale, herbacée, sur le fusible, limite l’érodabilité des matériaux meubles qui le constituent (érosion externe). Sous cette surface végétalisée, la rehausse est plus ou moins érodable en fonction de la profondeur (érosion interne), amenant une réflexion sur son efficacité et sur le maintien des conditions de fusibilité de ce composant particulier des déversoirs.