Les tribunaux athéniens sont-ils un lieu de savoir ? Ombre et lumière des discours judiciaires de l’Athènes classique - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Dialogues d'histoire ancienne Année : 2023

Are Athenian Courts a Place of Knowledge? The Light and Shade of Forensic Speeches in Classical Athens

Les tribunaux athéniens sont-ils un lieu de savoir ? Ombre et lumière des discours judiciaires de l’Athènes classique

Résumé

The interest in the spatial inscription and practical operations of knowledge, at the core of the “places of knowledge”, offers a new approach to consider Athenian trials: if the courts are a place for the production of knowledge, how is the information useful in the cases presented to the jurors? The place of the practical modalities of knowledge is somewhat paradoxical in the forensic speeches, which are sources for actual practices. It is true that litigants insist on the use of evidence such as witnesses, decrees and laws. But they sometimes deny the relevance of the means of persuasion to inform the direct knowledge of the judges. Similarly, information already known by the audience can lead to a spatialisation of that knowledge through discussion among the jurors which the speakers encourage. But the litigants can also direct the thinking of those same jurors by imposing an interpretation of the laws and decrees. As such, orators appear to have special legal expertise. Yet they seek to erase their forensic abilities by pointing out their errors. Therefore, the comparison with other sources allows us to identify the apparatus of truth at work in the corpus of the ten Attic orators: it consists of bringing to light an openness of speech and thus of consigning to the shadows most of the practical modalities of knowledge-production, creating the fiction of an absence of materiality.
L’intérêt pour l’inscription spatiale et les opérations concrètes du savoir, au cœur des « lieux de savoir », offre une nouvelle approche pour penser les procès athéniens : si les tribunaux sont un lieu d’établissement du savoir, comment les informations utiles aux affaires en cours sont-elles produites aux juges ? Le rapport aux modalités pratiques du savoir apparaît paradoxal dans les discours judiciaires, pourtant sources de la pratique. Certes, les plaignants insistent sur la production des preuves comme les témoins, les décrets et les lois. Mais ils en viennent parfois à renier la pertinence des moyens de persuasion au profit d’un savoir direct des juges. De même, les informations déjà connues par le public peuvent conduire à une spatialisation de ce savoir en encourageant la discussion parmi les juges. Mais tout exercice de réflexion de ces mêmes juges peut être annihilé par les plaignants lorsqu’ils imposent une interprétation des textes législatifs. À ce titre, les orateurs apparaissent avoir une compétence légale particulière. Ils cherchent pourtant à effacer leur expérience oratoire en signalant leurs errements. La comparaison avec d’autres sources permet alors de faire émerger le dispositif de vérité à l’œuvre dans le corpus des dix orateurs attiques : celui-ci consiste à mettre en lumière une transparence du discours et donc à reléguer dans l’ombre la plupart des modalités concrètes de production du savoir, créant la fiction d’une absence de matérialité.
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Citer

Nicolas Siron. Les tribunaux athéniens sont-ils un lieu de savoir ? Ombre et lumière des discours judiciaires de l’Athènes classique. Dialogues d'histoire ancienne, 2023, Supplément 27, pp.103-124. ⟨10.3917/dha.hs27.0103⟩. ⟨hal-04498143⟩
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