Préhistoire de l'individu. conception du corps et représentation de soi dans l'art paléolithique
Résumé
Les formes mouvantes des images paléolithiques ne sont pas toujours aisées à analyser au travers de la recherche contemporaine occidentale. Les outils de catégorisation et de typologie se heurtent souvent aux frontières formelles et iconographiques sans cesse transgressées par les représentations figuratives. La déformation des images des corps des animaux et de ceux des humains sont le reflet de métamorphoses, de transgressions iconiques faisant écho à des continuités et discontinuités figuratives d’une part, et sociales d’autre part. Il s’agit d’un véritable défi posé à l’archéologie préhistorique, à l’ethno-archéologie et ses méthodes, que de tenter de donner « corps » à ce corpus graphique. Parmi les classes d’images les plus symptomatiques se trouvent celles qui sont à la frontière, mélangeant l’humain et l’animal, celles aussi qui donnent à voir des corps imaginaires, déformés. Les images des corps humains se trouvent aussi dans ces zones de transferts iconographiques faisant osciller la silhouette entre déformations et exagérations. Tandis que d’autres images semblent aborder plutôt une catégorisation formelle tout à fait particulière, celle des images dites « réalistes ». À l’instar des images des animaux de type réaliste, qui posent la forme animale comme sujet direct, les corps réalistes des humains évoquent à leur tour l’enveloppe physique renvoyant peut-être à la dimension de la personne. Les concepts développés par l’anthropologie sociale sur l’ontologie des images peuvent apporter des clés d’analyses tout à fait opérants pour l’archéologie préhistorique. Comment l’ensemble de ces images et plus particulièrement celles des humains, peuvent-elles participer à une réflexion d’ensemble dans notre manière d’aborder l’iconographie paléolithique ?