"Love, infinity, poodles: stylistics of the Celinian antimorale"
« L’amour, l’infini, les caniches : stylistique de l’antimorale célinienne »
Résumé
"Love is infinity made accessible to poodles". At the opening of Voyage au bout de la nuit (Journey to the End of the Night), Bardamu's formula sketches a horizon of expectation that the novel, between madness and the mourning of ideals, anarchy and nihilism, will not deny. The aim here is to shed light on the invariants of these definitive sentences that punctuate novelistic fiction, tearing apart narrative and discursive fabrics, and ultimately promoting a form of continuity in the discontinuous. In the face of ambient verbiage, or the weapon of mass manipulation that is language, these detachable statements - surassertifs in the terminology of discourse analysis - stand out within a discourse that generates the modalities of its own distancing. Stated in opposition to the doxa, Céline's "morality" enjoins us not only to refuse and desert, but also to fight against the precepts of a common pseudo-ethic; an assumed insolence that gives it all its magnetism and salt.
« L’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches ». Au seuil liminaire de Voyage au bout de la nuit, la formule de Bardamu esquisse un horizon d’attente que le roman, entre folie et deuil des idéaux, anarchie et nihilisme, ne démentira pas. Il s’agit ici de porter éclairage sur les invariants de ces sentences définitives qui scandent la fiction romanesque, déchirent les tissus narratif et discursif, pour finalement promouvoir une forme de continu dans le discontinu. Face au verbiage ambiant, ou à l’arme de manipulation massive qu’est le langage, ces énoncés détachables – surassertifs selon la terminologie de l’analyse du discours – font saillance au sein d’un discours qui génère les modalités de sa propre distanciation. Énoncée contre la doxa, la « morale » célinienne enjoint non seulement à refuser, à déserter, mais aussi à combattre le pré-dit d’une pseudo-éthique commune; une insolence assumée qui en fait toute l’aimantation et le sel.