The Philosopher and Theology
Le philosophe et la théologie
Résumé
"It would be enough to take mysticism in its pure state [...]". In the third chapter of Deux Sources de la morale et de la religion, Bergson intends to dispense with theology, in order to better grasp in the experience of the great Christian mystics "an original content, drawn from the very source of religion". This methodical suspension, however, leads the philosopher to hypotheses and even conclusions of a properly theological nature about the nature of God and the meaning of creation, in which it is difficult for a theologian to recognise the expression, however refined, of Christian mysticism. Taking up in all its benevolent radicality the criticism once made by Étienne Gilson, we might ask whether Bergson has not, in his last book and for the first time in his career, taken reality by the scruff of the neck, by methodically eliminating the very object of his research.
« Il suffirait de prendre le mysticisme à l'état pur [...] ». Au troisième chapitre des Deux Sources de la morale et de la religion, Bergson entend se passer de la théologie, afin de mieux saisir dans l'expérience des grands mystiques chrétiens « un contenu orginal, puisé à la source même de la religion ». Cette suspension méthodique conduit pourtant le philosophe à des hypothèses, voire à des conclusions d'ordre proprement théologique sur la nature de Dieu et sur le sens de la création, où il est difficile à un théologien de reconnaître l'expression, même épurée, du mysticisme chrétien. Reprenant dans toute sa bienveillante radicalité la critique formulée jadis par Étienne Gilson, on se demandera si Bergson n'a pas, dans son dernier livre et pour la première fois de sa carrière, pris la réalité à contre-fil, en éliminant par méthode l'objet même de sa recherche.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)