Connu pour avoir livré en 1900 une dalle gravée en schiste, récemment interprétée comme une carte, le tumulus de Saint-Bélec à Leuhan (Finistère) a fait l’objet d’une nouvelle campagne de fouilles à l’automne 2022. L’objet de cette campagne était de s’assurer qu’il s’agissait du bon monument et surtout de mieux comprendre son histoire et celle de la dalle gravée. En amont de la fouille, des relevés photogrammétriques au drone ainsi que des prospections géophysiques ont permis de documenter l’état du terrain et de repérer différentes anomalies au centre et en marge du tumulus. Limitée à un quart du monument, l’opération a permis de reconnaître un puits de fouilles anciennes au centre du tumulus, repérer la tombe explorée en 1900 et mieux documenter l’architecture funéraire. Le tumulus apparaît constitué de trois faciès pédo-sédimentaires issus des formations pédologiques locales. Le premier correspond à d’imposants déblais de schiste altéré liés au creusement de la fosse centrale, le second constituant le noyau central est formé d’un limon gris argileux hydromorphe. La dernière couche est un limon brun homogène contenant de nombreuses poches de limon jaune. Celle-ci a été observée sur 13 m de longueur dans la coupe NE-SO et suggère que le tumulus mesurait originellement 25 m de diamètre environ. Le dégagement des remblais de fouilles anciennes et d’une rampe, probablement aménagée en 1900 pour extraire la dalle a permis de reconnaître le haut du parement méridional de la tombe. Son orientation, son appareil et ses dimensions semblent bien correspondre aux descriptions faites par P. du Chatellier. Déjà connu pour être l’un des plus grands caveaux de la région, celui-ci apparaît avoir été inséré dans une grande fosse (4,30 m de largeur) et semble constitué au sud par un parement soigneusement monté en boutisses et un bourrage assez massif de pierres de 1,20 m de largeur. Par-dessus cette tombe centrale, se trouvent deux dalles en granite, qui ont pu servir de support à la dalle de couverture, un amas de pierres pêle-mêle et un probable coffre à dalles largement perturbé, édifié avant l’apport des terres tumulaires. Sous l’un des deux monticules de déblais de schiste altéré, des vestiges d’une possible litière ont été observés ainsi qu’un niveau charbonneux. Ce dernier daté au radiocarbone permet d’attribuer le creusement de la tombe centrale à la fin de l’âge du Bronze ancien. Des prélèvements micromorphologiques, ainsi que des échantillons de sédiments et de roches ont été réalisés afin d’analyser, d’une part, les modes de construction et, d’autre part, et la datation des architectures funéraires par OSL.