Les ratés de l’enseignement supérieur - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Sociétés contemporaines Année : 2023

Les ratés de l’enseignement supérieur

Résumé

Sur quelles enquêtes se fonde votre livre ? Ce livre prend le parti du "statactivisme", néologisme proposé par Isabelle Bruno, Emmanuel Didier et Julien Prévieux (2014), "comme un slogan et comme un concept descriptif, utilisé pour qualifier des expériences visant à se réapproprier le pouvoir des statistiques". Pourquoi et pourquoi faire ? L'enjeu est à la fois scientifique et politique. Il s'agit d'abord et avant tout de valoriser certaines enquêtes de la statistique publique qui font partie de notre trésor commun. Trop de critiques de la production statistique, parmi les chercheurs comme parmi les militants, la réduisent au seul rôle d'outil de gouvernement sans considérer suffisamment sa place dans la production des savoirs scientifiques. On oublie ainsi souvent ce que les données des services statistiques ministériels doivent à la contribution des sciences sociales. Ainsi, Alain Darbel, puis Claude Seibel, coauteurs de Travail et travailleurs en Algérie (1963), ont joué un rôle décisif dans le développement des panels de suivi des élèves au ministère de l'éducation nationale. Pour notre part, nous avons beaucoup pratiqué le réemploi de ces enquêtes longitudinales, qui ont à la fois une large profondeur biographique (les scolarités des élèves y sont décrites de la 6 e jusqu'à la terminale, et au-delà, dans l'enseignement supérieur jusqu'à la fin des études) et beaucoup d'indicateurs variés et précis sur la socialisation familiale (propriétés sociales des parents, choix scolaires, implication dans le suivi de la scolarité…) et sur la socialisation scolaire (enseignements suivis, déroulement des procédures d'orientation scolaire, acquis scolaires, notes…). Dans le débat public, les données statistiques sont bien sûr utilisées pour justifier une politique ou au contraire la critiquer. Ainsi, dès l'été 2017, la ministre de l'enseignement supérieur prépare les esprits à la refonte de la plateforme de préinscription dans l'enseignement supérieur APB en prétendant que " 60 % des étudiants qui entrent dans le système de la licence générale échouent ". Pour notre part, avec Yaël Brinbaum (Brinbaum, Hugrée Poullaouec, 2018), nous montrons dans Économie et statistique au printemps 2018 que 61 % des étudiants inscrits au début des années 2000 en licence générale ont obtenu ce diplôme, que ce soit dans la filière de départ ou après réorientation dans une autre. Il est assez facile d'expliquer comment la ministre a dramatisé l'échec à l'université en se limitant à la première année de licence. En revanche, il est plus difficile de mesurer correctement les taux d'obtention de différents niveaux de diplôme au terme du parcours d'étude. Et pour montrer comment ils ont évolué depuis vingt ans, il nous a fallu compiler huit notes d'information des services statistiques du ministère de l'éducation nationale et du ministère de l'enseignement supérieur. Cette discrétion est regrettable. Est-ce parce que les données montrent une hausse de ce qu'il faut bien appeler des " ruptures universitaires " ? Parmi les bacheliers de 2014 entrés la même année en L1, 28 % quittent

Domaines

Sociologie
Fichier principal
Vignette du fichier
Hugree Poullaouec_En luttes_Q1Q2Q3Q4_reluCHTP.pdf (242.72 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-04383201 , version 1 (09-01-2024)

Identifiants

Citer

Cédric Hugrée, Tristan Poullaouec. Les ratés de l’enseignement supérieur. Sociétés contemporaines, 2023, 3 (127), pp.177-184. ⟨10.3917/soco.127.0177⟩. ⟨hal-04383201⟩
62 Consultations
9 Téléchargements

Altmetric

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More