Dans cette contribution, je propose d’interroger les effets de la crise sanitaire sur les infrastructures sociales, en développant une analyse philosophique de ce que vous présentez dans ce séminaire comme des « intérieurs publics ». La peur de la propagation du virus a entraîné en France leur fermeture en raison de leur densité, de leur clôture et de la nature foncièrement relationnelle de leurs usages. Comment penser cette crise tant dans la manière dont elle questionne l’importance de ces espaces pour l’urbanité et la démocratie que dans le futur urbain qu’elle dessine ? Une réponse à cette question pourra être apportée en déterminant dans un premier temps la spécificité de ces lieux avec Peter Sloterdijk et Walter Benjamin : comment ces « sphères » invitant à penser un intérieur commun complexifient-elles la compréhension habituelle de l’espace public ? J’examinerai ensuite les différentes manières dont les politiques sanitaires ont pu s’exercer sur ces lieux, depuis la mise en place de dispositifs disciplinaires et sécuritaires jusqu’à leur fermeture, réactualisant ainsi l’alliance du savoir et du pouvoir envisagée par Michel Foucault . Enfin, puisque la crise désigne en médecine le moment critique et décisif où tout se joue, nous nous demanderons quel avenir peut être envisagé pour ces intérieurs publics.