Deux fouilles souterraines programmées sur les mines d'argent de Sainte-Marie-aux-Mines et Wegscheid
Résumé
Source de richesse brute des seigneuries, les gisements argentifères ont intensément été exploités dans le massif vosgien au cours de la période médiévale. Les sites ont souvent fait l’objet de nouvelles tentatives d’exploités aux époques modernes et contemporaines, et les vestiges des sites d’extraction présentent donc des chronologies complexes. Cela se vérifie tant à la mine Giro (Sainte-Marie-aux-Mines, HMÂ/XVIe s.) qu’à la mine Reichenberg (Wegscheid, XVe/XVIe/XXe s.).
Si la première n’a laissé aucune trace dans les archives, la seconde est associée à un relativement riche corpus de texte, qui place la principale phase d’exploitation entre 1480 et 1520. La fouille a notamment permis d’aborder les efforts réalisés par les mineurs pour résoudre les questions liées à l’exhaure, ainsi que l’évolution des techniques d’aérage et d’éclairage. La chronologie d’exploitation de la mine Giro a quant à elle pu être mise en évidence par l’observation des sections et des recoupements de galeries. Le site se prête particulièrement à une étude des techniques d’aérage, avec la mise au jour d’un double système, inédit, par ventilation naturelle et ventilation forcée. À Sainte-Marie-comme à Wegscheid, les vestiges souterrains ont bien sûr également permis une approche précise des techniques de percement.
La fouille programmée sur plusieurs années permet d’aborder ces sites complexes, qui demandent un temps important de décombrement, aménagement et sécurisation. La première étape de la chaine opératoire de production de l’argent, l’extraction, peut ainsi être prise en compte dans une dynamique de recherche plus large qui s’intéresse à la fois aux aspects techniques des exploitations minières, à leur organisation économique et sociale, mais aussi à leur impact sur l’environnement. À Wegscheid, la fouille a également posé la question de la gestion des déchets de la dernière exploitation. Enfin elle a débouché sur une utilisation pratique du site comme réserve d’eau, particulièrement intéressante pour la commune en cette période de réchauffement climatique.